Un ami pêcheur expérimenté m'a appris à pêcher, et au bout de ma ligne s'est accrochée une truite miniature.
Jusqu'à ce que je travaille à la Passe migratoire (voir mon article Je sauve les saumons au Yukon) je ne connaissais pas grand chose aux poissons en général. En fait, je ne connaissais pas grand chose au Yukon tout simplement. Avec le temps, par contre, je suis devenue très passionnée de la faune aquatique et j'ai voulu en apprendre toujours davantage à son sujet. Chaque nouveau détail que je découvrais était toujours plus impressionnant que le précédent et je développai un grand respect pour ces magnifiques bêtes de l'eau.
Les soirs d'été, MEC et moi avions parfois l'habitude d'aller rejoindre des amis pour faire un feu et expérimenter la pêche. MEC s'est d'ailleurs muni d'une canne à pêche et de tout l'équipement pour s'y initier. Je ne savais pas si j'allais aimer ce type d'activité, car mon petit coeur sensible avait du mal à concevoir l'idée de tuer des animaux ou de les voir souffrir simplement par loisir. Néanmoins, j'appris beaucoup d'un ami pêcheur qui détenait quelques années d'expérience en la matière et ma position face à la pêche se précisa avec le temps.
La première fois que je lançai la ligne à l'eau, je savais que l'emplacement de ma mouche était stratégique, dans les remous d'un ruisseau adjacent au Lac Fish : mon ami m'avait conseillé cet emplacement. Je l'avais beaucoup observé, lui qui faisait de la pêche à la mouche et qui sortait de l'eau toutes sortes de poissons dès le premier coup. J'étais certes très impressionnée, mais je savais que j'aurais un peu plus de mal au début puisque j'étais novice. La pêche demandait de la précision, de la patience et beaucoup de timing.
Je ne me doutais pas que mon premier essai serait fructueux. J'attendais depuis un moment dans les remous, puis je ramenai la ligne et je la relançai encore pour toujours la placer là où je le feelais. Avec beaucoup de détermination, je refaisais les mêmes mouvements dans l'espoir d'attraper quelque chose : une ombre arctique, ou peut-être une de ces truites arc-en-ciel invasives? MEC et nos amis étaient assis un peu plus loin près du feu et sirotaient leur bière en jouant de la guitare. Et puis, soudainement, je vis un poisson sauter de l'eau tout près de ma mouche. J'attendis avec espoir: ça allait prendre bientôt, je le sentais! Et hop! À peine comme je me disais que le moment était venu, le moment était bien là. Ça mordait! Sans paniquer, je ramenai la ligne et je sortis un poisson de l'eau. Il sautillait maintenant sur la terre où je l'avais ramené. C'était le moment de prendre une décision, il fallait faire vite!
Sur le coup, je me rappelle m'être dit wow, c'est un gros! Quelle grosse truite arc-en-ciel! Puis, toute énervée, j'avais crié aux gars de venir m'aider. J'avais pêché mon premier poisson! Mon ami s'approcha et me demanda si je souhaitais aller jusqu'au bout, tuer le poisson et le manger sur le feu. Je répondis par l'affirmative, à condition de tout faire moi-même.
J'ai détaché l'hameçon de sa bouche et je pris fermement le corps de la truite entre mes mains. Je n'aurais jamais imaginé à quel point ce pouvait être glissant, un poisson! Même lorsque j'avais autrefois travaillé dans une poissonnerie, jamais ces bêtes n'avaient été aussi glissantes que celle que je venais d'attraper. Elle se faufila de nombreuses fois entre mes doigts, mais je finis par la saisir. J'utilisai une roche à proximité afin d'assainir un gros coup sur la tête du poisson, qui rendit l'âme tout de suite. Je me rappelle qu'après, je pleurai. J'avais tué un animal. J'étais vraiment triste, car c'était la première fois que je tuais une aussi grosse bête. Avant, ça n'avait été que des araignées...
Mon ami me montra comment vider le poisson et comment l'apprêter. Je le fis cuire sur mon feu de camp et je le mangeai. C'était bien là la raison pour laquelle je voulais pêcher : pour apprendre à me nourrir de la nature directement par moi-même. J'avais souvent entendu parler de ces gens qui considéraient la pêche comme un sport, et s'amusaient simplement à sortir les bêtes de l'eau, les prendre en photo, puis les relâcher ensuite avec un trou dans la tête ou un oeil crevé. Ou encore, de ces gens qui les tuaient à la pelleté pour ensuite les gaspiller en dépassant leur quota. Je n'adhérais tout simplement pas à cette mentalité. Les gens pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient et vivre avec leur conscience, mais la mienne était plus primitive : je voulais pêcher pour manger et ce serait à jamais l'unique raison pour laquelle j'allais tuer, en bout de ligne - jeu de mots haha.
Lorsque je fis le deuil de ma belle mini truite arc-en-ciel, je me souvins à quel point elle était petite. Je ris encore de son aspect minuscule et pour bien des pêcheurs, ma prise sera tout à fait risible, mais pour moi, cette première expérience marquait une étape importante de mon adaptation au Yukon. J'appris à faire ce que tant d'autres avant moi avaient appris à faire dans cette contrée consacrée à la pureté de la nature et à son abondance. En me reconnectant avec la nature, en appréciant ce qu'elle m'avait donné, mais aussi, en apprenant à savourer un mode de vie typiquement yukonnais, je sentais que je m'approchais du bien-être de l'adaptation et du sentiment d'appartenance.
En espérant que la prochaine truite puisse au moins m'offrir un véritable repas !
Les soirs d'été, MEC et moi avions parfois l'habitude d'aller rejoindre des amis pour faire un feu et expérimenter la pêche. MEC s'est d'ailleurs muni d'une canne à pêche et de tout l'équipement pour s'y initier. Je ne savais pas si j'allais aimer ce type d'activité, car mon petit coeur sensible avait du mal à concevoir l'idée de tuer des animaux ou de les voir souffrir simplement par loisir. Néanmoins, j'appris beaucoup d'un ami pêcheur qui détenait quelques années d'expérience en la matière et ma position face à la pêche se précisa avec le temps.
La première fois que je lançai la ligne à l'eau, je savais que l'emplacement de ma mouche était stratégique, dans les remous d'un ruisseau adjacent au Lac Fish : mon ami m'avait conseillé cet emplacement. Je l'avais beaucoup observé, lui qui faisait de la pêche à la mouche et qui sortait de l'eau toutes sortes de poissons dès le premier coup. J'étais certes très impressionnée, mais je savais que j'aurais un peu plus de mal au début puisque j'étais novice. La pêche demandait de la précision, de la patience et beaucoup de timing.
Je ne me doutais pas que mon premier essai serait fructueux. J'attendais depuis un moment dans les remous, puis je ramenai la ligne et je la relançai encore pour toujours la placer là où je le feelais. Avec beaucoup de détermination, je refaisais les mêmes mouvements dans l'espoir d'attraper quelque chose : une ombre arctique, ou peut-être une de ces truites arc-en-ciel invasives? MEC et nos amis étaient assis un peu plus loin près du feu et sirotaient leur bière en jouant de la guitare. Et puis, soudainement, je vis un poisson sauter de l'eau tout près de ma mouche. J'attendis avec espoir: ça allait prendre bientôt, je le sentais! Et hop! À peine comme je me disais que le moment était venu, le moment était bien là. Ça mordait! Sans paniquer, je ramenai la ligne et je sortis un poisson de l'eau. Il sautillait maintenant sur la terre où je l'avais ramené. C'était le moment de prendre une décision, il fallait faire vite!
Sur le coup, je me rappelle m'être dit wow, c'est un gros! Quelle grosse truite arc-en-ciel! Puis, toute énervée, j'avais crié aux gars de venir m'aider. J'avais pêché mon premier poisson! Mon ami s'approcha et me demanda si je souhaitais aller jusqu'au bout, tuer le poisson et le manger sur le feu. Je répondis par l'affirmative, à condition de tout faire moi-même.
J'ai détaché l'hameçon de sa bouche et je pris fermement le corps de la truite entre mes mains. Je n'aurais jamais imaginé à quel point ce pouvait être glissant, un poisson! Même lorsque j'avais autrefois travaillé dans une poissonnerie, jamais ces bêtes n'avaient été aussi glissantes que celle que je venais d'attraper. Elle se faufila de nombreuses fois entre mes doigts, mais je finis par la saisir. J'utilisai une roche à proximité afin d'assainir un gros coup sur la tête du poisson, qui rendit l'âme tout de suite. Je me rappelle qu'après, je pleurai. J'avais tué un animal. J'étais vraiment triste, car c'était la première fois que je tuais une aussi grosse bête. Avant, ça n'avait été que des araignées...
Mon ami me montra comment vider le poisson et comment l'apprêter. Je le fis cuire sur mon feu de camp et je le mangeai. C'était bien là la raison pour laquelle je voulais pêcher : pour apprendre à me nourrir de la nature directement par moi-même. J'avais souvent entendu parler de ces gens qui considéraient la pêche comme un sport, et s'amusaient simplement à sortir les bêtes de l'eau, les prendre en photo, puis les relâcher ensuite avec un trou dans la tête ou un oeil crevé. Ou encore, de ces gens qui les tuaient à la pelleté pour ensuite les gaspiller en dépassant leur quota. Je n'adhérais tout simplement pas à cette mentalité. Les gens pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient et vivre avec leur conscience, mais la mienne était plus primitive : je voulais pêcher pour manger et ce serait à jamais l'unique raison pour laquelle j'allais tuer, en bout de ligne - jeu de mots haha.
Lorsque je fis le deuil de ma belle mini truite arc-en-ciel, je me souvins à quel point elle était petite. Je ris encore de son aspect minuscule et pour bien des pêcheurs, ma prise sera tout à fait risible, mais pour moi, cette première expérience marquait une étape importante de mon adaptation au Yukon. J'appris à faire ce que tant d'autres avant moi avaient appris à faire dans cette contrée consacrée à la pureté de la nature et à son abondance. En me reconnectant avec la nature, en appréciant ce qu'elle m'avait donné, mais aussi, en apprenant à savourer un mode de vie typiquement yukonnais, je sentais que je m'approchais du bien-être de l'adaptation et du sentiment d'appartenance.
En espérant que la prochaine truite puisse au moins m'offrir un véritable repas !