Comment j'ai trouvé mon séjour au Québec après avoir manqué un petit bout...bin un an, là. Mon verdict sur mon choix de vivre au Québec ou au Yukon sur le long terme.
Mon séjour au Québec, je l'avais attendu avec une impatience sans nom. Après avoir vécu un an dans le bois aux tréfonds du Canada, la ville et la population commençaient à me manquer maladivement. J'avais hâte en maudit de revoir mon monde.
Je me rappelle m'être consolée de ma dépression à plusieurs reprises durant l'hiver passé dans ma cabin en m'imaginant simplement être déjà au mois de mars et rendue au Québec comme par magie. J'avais des mini flashbacks des soupes réconfortantes de ma grand-mère Mémé, des câlins de ma mère, des jokes de mon père, des jeux de mots pas drôles de mon frère et de tout le gros fun de débauche avec mes amis que j'avais emmagasiné dans mes souvenirs. Sans oublier Wendy, le cochon d'Inde, qui m'aidait à tenir le coup simplement par son amour inconditionnel d'animal qui veut manger. Ça faisait un peu mal d'avoir tous ces mini vidéos parfaits qui jouaient en boucle dans ma tête sans pouvoir y être à nouveau, là maintenant. Je comptais les semaines, puis les journées restantes avant mon grand départ. Je prenais un malin plaisir à faire un X sur le nombre du décompte inscrit dans le coin en haut à gauche de mon agenda.
Je dois avouer que la veille de mon départ, alors que mes valises étaient prêtes dans ma chambre à Mont Lorne, j'ignorais comment je me sentais exactement. J'étais comme déconnectée de la réalité. C'est quelque chose de nouveau pour moi, car j'ai toujours été excessivement sensible à tous les facteurs déclencheurs de stress dans ma vie et j'ai toujours eu tendance à réagir assez fortement à tous les niveaux: physiquement et émotionnellement. Sauf que depuis que je me suis adaptée au Yukon, certaines de mes réactions naturelles avaient changé. Je dirais qu'une sorte de force tranquille a remplacé ma nature réflexe d'être envahie par l'anxiété et les vagues d'émotions. Aussitôt qu'une situation particulièrement intense se pointe sur mon chemin, je l'affronte, mais avec une sorte de retenue, comme si j'avais peur de perdre le contrôle comme avant. Oui, je savais que j'avais hâte d'aller au Québec et que le moment tant attendu était enfin arrivé, mais je ne ressentais rien, à défaut de n'avoir sélectionné clairement une seule émotion. J'étais un peu nostalgique et anxieuse de quitter le Yukon, mais j'avais aussi hâte, mais pas trop de peur d'être déçue... Bref, c'était un gros mélange de plein de couleurs qui virait finalement au brun. Je me protégeais de l'intensité de mes émotions à venir, peut-être. C'est aussi cette impression étrange qui m'a suivie durant tout mon séjour au Québec: j'étais déconnectée du réel. Étais-je vraiment ici?
Puis, l'instant de partir était là: paf. Bisous d'adieux à MEC, quelques larmes pour faire changement hein (je déteste les adieux), puis valises sur le tapis roulant de l'aéroport. Assise dans l'avion, décollage. Turbulence pendant que je suis dans les toilettes. La bouffe d'avion, la gentillesse des hôtes de l'air, un petit monsieur comique à côté de moi après l'escale à Yellowknife. Pause lecture. Mal de tête. Dodo, juste un peu. Des aurores boréales par le hublot. Penser, anticiper, planifier. Tricoter. Atterrissage. Fatigue. Bagages très lourds. Retrouvailles splendides avec Didz à Ottawa. Jasette dans l'auto. Retour à la maison, chez mes parents, dans le lit simple de ma vie pré-pubère. Haha. Wendy était grosse. Très grosse. Incapacité à dormir. Trop de mini vidéos.
À compter de cet instant, je n'ai pas eu une seule minute de repos. J'ai délaissé mon blogue et mes activités personnelles pour offrir toute la place à mes proches et à la nouvelle aventure que je vivais. Tant de gens et de choses avaient changé, et en contraste, tant de gens et de choses étaient restés les mêmes. Mon voyage m'a donc ouvert les yeux plus que je ne m'y attendais sur l'importance du temps qui passe. Je constatais les différences qui s'étaient glissées entre certaines personnes et moi, mais j'intégrais également les changements qui s'étaient opérés en moi maintenant que je revenais et qu'on s'attendait à ce que je sois restée la même. J'avais changé, certes, mais beaucoup plus que je ne le croyais. Il fallait faire quelques mises à jour. En un an, quand on est dans la vingtaine, tout évolue très vite. Encore davantage quand on a voyagé.
Je me suis rendue compte que la vie à Montréal et dans les grandes villes en général n'était plus pour moi. Je constatais à quel point l'atmosphère lourde et le rythme rapide auquel les gens vivaient étaient intenses. Était-ce vraiment ainsi quand j'habitais à Montréal avec MEC? Je n'avais jamais réalisé que cet environnement avait peut-être été la cause de ma dégénérescence d'autrefois et ma difficulté à gérer le stress, entre autres facteurs bien sûr. J'avais vécu tranquillement durant un an au Yukon, j'avais appris à me détacher des facteurs stressants et à me rapprocher de la nature, de la vie. C'était un choc important de revenir dans une ville bondée de monde où il n'y a pas une minute à perdre.
Durant mon séjour, j'ai beaucoup comparé le Yukon au Québec sans m'en rendre trop compte, un peu comme je l'avais fait lorsque j'étais fraîchement arrivée au territoire en avril 2016. J'ai eu de la peine pour certaines personnes qui ne prenaient plus le temps de vivre l'instant présent, mais qui endommageaient plutôt ces précieux instants de leur vie par l'angoisse des obligations à venir le lendemain. Personne ne faisait ça au Yukon, et personne n'en donnait l'impression. Ça me faisait tout drôle d'arrêter d'être gentille en public aussi, ou de me retenir de sourire aux gens dans le métro parce que je me faisais regarder de travers. J'avais pris plaisir à être Yukonnaise et fière d'être facile d'approche. C'était difficile de me retenir de raconter ma vie à la caissière du Jean Coutu également, et d'apprendre à la connaître, parce que le monde de la ville ne fait pas ça. Lâcher-prise n'était pas facile à faire au Québec, non plus. Beaucoup de mon entourage semblait souvent dépassé par la vie.
J'ai compris que la vie au Yukon était pour moi, parce qu'elle me procure le calme et le vide que j'ai besoin pour me connecter au présent et à ma force intérieure. Je me rappelle avoir déjà dit quelque part que l'endroit où l'on vit n'a pas de lien avec le sort de son existence, mais je crois que je peux rectifier ces paroles quelque peu maintenant, ou du moins les mettre à jour: l'environnement où l'on vit peut définitivement avoir un impact sur les circonstances, les événements hors de notre contrôle et les angoisses qui se présenteront à nous. Oui, il est vrai qu'il n'en tient qu'à notre attitude pour tendre vers le bonheur au final, mais l'environnement est un facteur qui peut avoir un impact considérable sur notre situation affectant nos réactions. Le monde d'aujourd'hui n'est pas des plus simples. Le Yukon m'a guérie de mon siècle on dirait.
Ces réalisations ne me sont pas parvenues dès l'instant où j'ai remis les pieds au Québec pourtant. J'ai bien sûr pris goût à sortir en ville, à apprécier la vie nocturne, à visiter les attractions touristiques, à m'émerveiller de ce qui était resté pareil et de ce qui avait changé dans le paysage, à aimer me rendre quelque part rapidement en transport en commun. J'ai trippé à magasiner à nouveau dans les friperies et à refaire ma garde-robes. J'ai essayé tant de nouvelles activités, et j'ai surtout beaucoup dépensé après m'être privée au Yukon durant plusieurs mois expressément en vue de ce voyage mémorable. J'ai adoré parler français à nouveau, même si ce n'était pas aisé de trouver les mots justes tous les jours. Mon pauvre cerveau a surchauffé pas mal durant le mois de mars pour se remettre en mode d'origine. Mais pendant que je m'amusais et que je passais du temps avec mes proches, quelque chose s'opérait dans ma tête à mon insu. Je concrétisais mon amour du Yukon, malgré mon amour du Québec.
C'est bien l'opposé que j'anticipais. Je croyais que mon séjour au Québec allait remettre en péril mon envie de vivre au Nord-Ouest du Canada. Je pensais arriver au dernier jour de mon voyage et vouloir prolonger l'aventure encore. Mais la nostalgie s'est enracinée au courant de la dernière semaine, alors que j'avais hâte de retrouver l'aventure au calme auprès des conifères et de me préparer à la belle saison touristique à la Passe migratoire des Rapides de Whitehorse. J'avais déjà besoin d'un break, car le Québec n'avait rien de petites vacances au calme. J'avais besoin de repos. C'est surtout lors des périples en voiture, des réunions au restaurant, des séances de magasinage et des événements mondains que j'ai réalisé ma régression à tolérer les grands bains de foule. L'énergie que dégageait les grands centres urbains m'affectait beaucoup, principalement parce que l'atmosphère lourde et morne, et le rythme effréné auquel les gens vivaient m'épuisaient.
J'ai compris que les grandes villes n'étaient pas où je voulais vivre, mais le fin fond du bois non plus. Les alentours de Whitehorse au Yukon m'iront pour le moment.
Malgré la famille, les amis, la proximité des services, les opportunités plus faciles et les merveilleux moments que le Québec représente, mon choix est fait. Chez moi, c'est le Yukon.
Je me rappelle m'être consolée de ma dépression à plusieurs reprises durant l'hiver passé dans ma cabin en m'imaginant simplement être déjà au mois de mars et rendue au Québec comme par magie. J'avais des mini flashbacks des soupes réconfortantes de ma grand-mère Mémé, des câlins de ma mère, des jokes de mon père, des jeux de mots pas drôles de mon frère et de tout le gros fun de débauche avec mes amis que j'avais emmagasiné dans mes souvenirs. Sans oublier Wendy, le cochon d'Inde, qui m'aidait à tenir le coup simplement par son amour inconditionnel d'animal qui veut manger. Ça faisait un peu mal d'avoir tous ces mini vidéos parfaits qui jouaient en boucle dans ma tête sans pouvoir y être à nouveau, là maintenant. Je comptais les semaines, puis les journées restantes avant mon grand départ. Je prenais un malin plaisir à faire un X sur le nombre du décompte inscrit dans le coin en haut à gauche de mon agenda.
Je dois avouer que la veille de mon départ, alors que mes valises étaient prêtes dans ma chambre à Mont Lorne, j'ignorais comment je me sentais exactement. J'étais comme déconnectée de la réalité. C'est quelque chose de nouveau pour moi, car j'ai toujours été excessivement sensible à tous les facteurs déclencheurs de stress dans ma vie et j'ai toujours eu tendance à réagir assez fortement à tous les niveaux: physiquement et émotionnellement. Sauf que depuis que je me suis adaptée au Yukon, certaines de mes réactions naturelles avaient changé. Je dirais qu'une sorte de force tranquille a remplacé ma nature réflexe d'être envahie par l'anxiété et les vagues d'émotions. Aussitôt qu'une situation particulièrement intense se pointe sur mon chemin, je l'affronte, mais avec une sorte de retenue, comme si j'avais peur de perdre le contrôle comme avant. Oui, je savais que j'avais hâte d'aller au Québec et que le moment tant attendu était enfin arrivé, mais je ne ressentais rien, à défaut de n'avoir sélectionné clairement une seule émotion. J'étais un peu nostalgique et anxieuse de quitter le Yukon, mais j'avais aussi hâte, mais pas trop de peur d'être déçue... Bref, c'était un gros mélange de plein de couleurs qui virait finalement au brun. Je me protégeais de l'intensité de mes émotions à venir, peut-être. C'est aussi cette impression étrange qui m'a suivie durant tout mon séjour au Québec: j'étais déconnectée du réel. Étais-je vraiment ici?
Puis, l'instant de partir était là: paf. Bisous d'adieux à MEC, quelques larmes pour faire changement hein (je déteste les adieux), puis valises sur le tapis roulant de l'aéroport. Assise dans l'avion, décollage. Turbulence pendant que je suis dans les toilettes. La bouffe d'avion, la gentillesse des hôtes de l'air, un petit monsieur comique à côté de moi après l'escale à Yellowknife. Pause lecture. Mal de tête. Dodo, juste un peu. Des aurores boréales par le hublot. Penser, anticiper, planifier. Tricoter. Atterrissage. Fatigue. Bagages très lourds. Retrouvailles splendides avec Didz à Ottawa. Jasette dans l'auto. Retour à la maison, chez mes parents, dans le lit simple de ma vie pré-pubère. Haha. Wendy était grosse. Très grosse. Incapacité à dormir. Trop de mini vidéos.
À compter de cet instant, je n'ai pas eu une seule minute de repos. J'ai délaissé mon blogue et mes activités personnelles pour offrir toute la place à mes proches et à la nouvelle aventure que je vivais. Tant de gens et de choses avaient changé, et en contraste, tant de gens et de choses étaient restés les mêmes. Mon voyage m'a donc ouvert les yeux plus que je ne m'y attendais sur l'importance du temps qui passe. Je constatais les différences qui s'étaient glissées entre certaines personnes et moi, mais j'intégrais également les changements qui s'étaient opérés en moi maintenant que je revenais et qu'on s'attendait à ce que je sois restée la même. J'avais changé, certes, mais beaucoup plus que je ne le croyais. Il fallait faire quelques mises à jour. En un an, quand on est dans la vingtaine, tout évolue très vite. Encore davantage quand on a voyagé.
Je me suis rendue compte que la vie à Montréal et dans les grandes villes en général n'était plus pour moi. Je constatais à quel point l'atmosphère lourde et le rythme rapide auquel les gens vivaient étaient intenses. Était-ce vraiment ainsi quand j'habitais à Montréal avec MEC? Je n'avais jamais réalisé que cet environnement avait peut-être été la cause de ma dégénérescence d'autrefois et ma difficulté à gérer le stress, entre autres facteurs bien sûr. J'avais vécu tranquillement durant un an au Yukon, j'avais appris à me détacher des facteurs stressants et à me rapprocher de la nature, de la vie. C'était un choc important de revenir dans une ville bondée de monde où il n'y a pas une minute à perdre.
Durant mon séjour, j'ai beaucoup comparé le Yukon au Québec sans m'en rendre trop compte, un peu comme je l'avais fait lorsque j'étais fraîchement arrivée au territoire en avril 2016. J'ai eu de la peine pour certaines personnes qui ne prenaient plus le temps de vivre l'instant présent, mais qui endommageaient plutôt ces précieux instants de leur vie par l'angoisse des obligations à venir le lendemain. Personne ne faisait ça au Yukon, et personne n'en donnait l'impression. Ça me faisait tout drôle d'arrêter d'être gentille en public aussi, ou de me retenir de sourire aux gens dans le métro parce que je me faisais regarder de travers. J'avais pris plaisir à être Yukonnaise et fière d'être facile d'approche. C'était difficile de me retenir de raconter ma vie à la caissière du Jean Coutu également, et d'apprendre à la connaître, parce que le monde de la ville ne fait pas ça. Lâcher-prise n'était pas facile à faire au Québec, non plus. Beaucoup de mon entourage semblait souvent dépassé par la vie.
J'ai compris que la vie au Yukon était pour moi, parce qu'elle me procure le calme et le vide que j'ai besoin pour me connecter au présent et à ma force intérieure. Je me rappelle avoir déjà dit quelque part que l'endroit où l'on vit n'a pas de lien avec le sort de son existence, mais je crois que je peux rectifier ces paroles quelque peu maintenant, ou du moins les mettre à jour: l'environnement où l'on vit peut définitivement avoir un impact sur les circonstances, les événements hors de notre contrôle et les angoisses qui se présenteront à nous. Oui, il est vrai qu'il n'en tient qu'à notre attitude pour tendre vers le bonheur au final, mais l'environnement est un facteur qui peut avoir un impact considérable sur notre situation affectant nos réactions. Le monde d'aujourd'hui n'est pas des plus simples. Le Yukon m'a guérie de mon siècle on dirait.
Ces réalisations ne me sont pas parvenues dès l'instant où j'ai remis les pieds au Québec pourtant. J'ai bien sûr pris goût à sortir en ville, à apprécier la vie nocturne, à visiter les attractions touristiques, à m'émerveiller de ce qui était resté pareil et de ce qui avait changé dans le paysage, à aimer me rendre quelque part rapidement en transport en commun. J'ai trippé à magasiner à nouveau dans les friperies et à refaire ma garde-robes. J'ai essayé tant de nouvelles activités, et j'ai surtout beaucoup dépensé après m'être privée au Yukon durant plusieurs mois expressément en vue de ce voyage mémorable. J'ai adoré parler français à nouveau, même si ce n'était pas aisé de trouver les mots justes tous les jours. Mon pauvre cerveau a surchauffé pas mal durant le mois de mars pour se remettre en mode d'origine. Mais pendant que je m'amusais et que je passais du temps avec mes proches, quelque chose s'opérait dans ma tête à mon insu. Je concrétisais mon amour du Yukon, malgré mon amour du Québec.
C'est bien l'opposé que j'anticipais. Je croyais que mon séjour au Québec allait remettre en péril mon envie de vivre au Nord-Ouest du Canada. Je pensais arriver au dernier jour de mon voyage et vouloir prolonger l'aventure encore. Mais la nostalgie s'est enracinée au courant de la dernière semaine, alors que j'avais hâte de retrouver l'aventure au calme auprès des conifères et de me préparer à la belle saison touristique à la Passe migratoire des Rapides de Whitehorse. J'avais déjà besoin d'un break, car le Québec n'avait rien de petites vacances au calme. J'avais besoin de repos. C'est surtout lors des périples en voiture, des réunions au restaurant, des séances de magasinage et des événements mondains que j'ai réalisé ma régression à tolérer les grands bains de foule. L'énergie que dégageait les grands centres urbains m'affectait beaucoup, principalement parce que l'atmosphère lourde et morne, et le rythme effréné auquel les gens vivaient m'épuisaient.
J'ai compris que les grandes villes n'étaient pas où je voulais vivre, mais le fin fond du bois non plus. Les alentours de Whitehorse au Yukon m'iront pour le moment.
Malgré la famille, les amis, la proximité des services, les opportunités plus faciles et les merveilleux moments que le Québec représente, mon choix est fait. Chez moi, c'est le Yukon.