Être loin de mes proches, de mes habitudes et ne pas avoir d'amis : comment j'ai surmonté la solitude et l'isolement de l'immigration
Même le voyageur le plus indépendant et le plus globe-trotteur aura, à un moment ou à un autre de son périple, un petit pincement au coeur lorsque son chez-lui viendra à lui manquer après un bout de temps. Rien n'est plus faux, je crois, que cette personne qui vous laisse croire que tout est parfait dans son voyage et qu'elle n'a pas eu ce petit instant de nostalgie - même très petit. Il est certainement excitant et immersif de voyager et de découvrir différentes cultures, mais rien n'a d'égal à ces petites choses uniques à nos racines et qu'on aime retrouver après une absence prolongée. C'est souvent la raison pour laquelle même les plus fervents voyageurs se réveillent blasés, fatigués, déprimés un matin, alors qu'ils vivent pourtant l'une des expériences les plus intenses et uniques de leur vie dans leur destination de rêve. Ils chercheront alors à recréer ce qu'ils connaissent, puisque ça les réconforte de se rapprocher un peu de ce qui compose en partie leur unicité et qui leur rappelle leurs origines. Ce n'est donc pas vrai que les gens qui voyagent longtemps ne s'ennuient pas à un moment ou à un autre, que ce soit par une simple envie de poutine, ou celle de vouloir faire un câlin à sa mère dans un instant particulièrement tragique de tourista.
Avant de me lancer dans l'expérience du Yukon, j'avais déjà voyagé au Pérou pour une durée de cinq semaines et j'avais également fait une immersion en Allemagne durant trois semaines. J'avais appris à me connaître en tant que voyageuse et à faire l'expérience du détachement émotionnel temporaire envers ma propre culture pour faire place à la découverte d'une culture différente. Pourtant, malgré ces voyages qui m'avaient soit-disant préparée au préalable à l'expérience du Yukon, ce n'était pas assez. Ma situation était différente cette fois : je n'étais pas en voyage, et je n'étais pas une touriste. J'étais une immigrante. Je m'installais en permanence dans cet endroit qui m'était inconnu et où je n'avais jamais mis les pieds auparavant. Je ne pouvais pas rigoler et prendre cet air d'insouciance de la touriste qui reste un moment, s'amuse, puis repart. Je ne pouvais dépenser mon budget comme bon me semblait pour des cadeaux souvenirs ou des petites folies passagères, car après tout, je ne reviendrais peut-être jamais ici. Je ne pouvais visiter certains endroits simplement pour le plaisir sans me soucier de devoir me rappeler les détails ensuite. Tout ce que j'apprenais, tout ce que je faisais, tout ce que j'achetais, je le ramenais avec moi le soir dans mon quotidien, et il se devait de bâtir mon apprentissage de ma nouvelle culture. Pour survivre, je savais que j'avais l'obligation de m'adapter au Yukon et à son mode de vie du mieux que je pouvais.
Les premiers mois d'avril et de mai, je vivais un peu comme une touriste, je dois l'avouer. Je regardais littéralement partout et tout me semblait impressionnant. Il est aussi incroyable de constater à quel point - mais vraiment à quel point - je comparais absolument tout du Yukon avec le Québec. J'idéalisais le Yukon d'une manière presque divine, ne lui trouvant aucun défaut apparent. Je vivais exactement la même expérience que lorsqu'on tombe amoureux et que l'heureux élu nous semble l'incarnation de la perfection. Je me souviens m'être très souvent sentie énervante pour les autres de toujours comparer chaque détail d'une conversation avec le Québec. Oui, nous au Québec aussi c'est comme ça... Ah, non, nous au Québec, c'est pas comme ça... C'était juste plus fort que moi de comparer sans cesse. Et je me disais que ça passerait, parce que c'est une étape du processus d'adaptation.
Bien que j'étais souvent occupée avec mon stage à temps plein les deux premiers mois, mes proches me manquaient. J'appelais mes parents chaque jour même si je n'avais rien de particulier à leur raconter. Je n'avais pas d'amis au tout début, et mon seul allié était MEC. Nous étions mutuellement la seule personne sur qui l'autre pouvait compter. Cette immigration au Yukon ensemble nous a énormément rapprochés et nous savions que tous les deux, nous allions y arriver grâce à notre soutien réciproque. Mais bien que notre couple ait été très fort, j'avais besoin d'amis et j'avais besoin de développer un cercle social. J'ai toujours eu beaucoup de mal à rester seule et isolée pour une longue période de temps.
C'est aussi que le Yukon est un endroit qui respire l'isolement en lui-même. Situé au nord des grandes agglomérations canadiennes, les grandes villes et les gens n'abondent pas. En fait, la seule grande ville du territoire détient environ 30,000 habitants et c'est aussi la capitale, Whitehorse. Y rencontrer des gens est plus facile qu'à Montréal, vu la facilité d'approche de ces derniers qui vous saluent simplement dans la rue, mais encore est-il qu'il faut sortir et participer à des événements. N'ayant pas de voiture et MEC n'aimant pas sortir, je me retrouvais souvent prise entre mon appartement, le chemin vers mon lieu de stage et le centre d'interprétation lui-même. Je me suis contentée des relations professionnelles que je développais avec mes collègues pour les premiers mois, mais j'avais besoin de me faire des amis pour l'été.
C'est en dénichant un emploi à la Passe migratoire des Rapides de Whitehorse que mes premières amitiés se sont développées. Mon anglais s'est aussi amélioré en flèche. Je vivais comme si j'avais reçu une bombe de joie explosive dans mon univers : sorties dans les bars, les restaurants, participation à des événements, nouvelles rencontres après nouvelles rencontres, randonnées, soupers BBQ, sorties de pêche et feux de camps... c'était merveilleux. Cet été-là, j'avais compris qu'il m'était possible de me faire des amis, que j'étais appréciée malgré mes différences culturelles et que la solitude n'était pas pour moi. J'étais heureuse quand j'étais entourée.
Mais le bonheur s'est dissipé lorsque l'été nous a quittés, et que mes amis sont repartis, pour la plupart, dans les autres villes canadiennes pour étudier à l'université. D'un coup, je me suis retrouvée seule, mon emploi saisonnier étant arrivé à sa fin, le bonheur de l'été et du soleil qui repartaient se cacher. La brutalité de l'hiver s'est manifestée trop tôt et la noirceur avec. J'ai fait un peu de bénévolat pour rencontrer de nouvelles personnes, mais je n'avais pas les résultats escomptés. Je participais à quelques événements, mais je brillais au milieu de la foule par ma solitude. Je continuais tout de même à sortir, j'allais dans les cafés, je saluais les gens dans la rue. Finalement, j'ai simplement cessé de lutter et j'ai intériorisé le fait que je devais vivre avec la solitude. Ironique, n'est-ce pas, que la solitude devienne mon alliée? La solitude fait partie de la vie, et il faut accepter le fait qu'on naît seul, qu'on vit seul et qu'on mourra seul. L'unique être qui nous accompagne tout au long de notre existence, vraiment, c'est soi-même. Cette réalisation, bien que douloureuse, s'est avérée bénéfique pour moi. De comprendre que je ne devais pas dépendre des autres pour être heureuse et pour avancer dans ma quête a été un apprentissage de taille qui me servira à vivre plus en paix à l'avenir. C'est en vivant la véritable solitude et l'isolement de mes proches au Yukon que j'ai compris l'importance de forger son caractère et de travailler sur la force de sa personne. Je ne l'avais jamais fait avant, et ce travail sur moi-même s'effectue encore petit à petit à l'heure actuelle, mais mes progrès sont importants et je suis fière de mon cheminement.
J'ai réalisé qu'être loin de mes proches m'avait rapprochée d'eux au fond. Je parle avec ma mère et mon père davantage qu'auparavant et j'apprécie encore plus la valeur de nos échanges et de nos conversations vidéos. Je m'ouvre davantage à mes amis que je ne l'ai fait auparavant et j'ai appris à les écouter plus attentivement que je ne le faisais lorsque nous étions physiquement ensemble. J'ai aussi appris à me défaire de certaines de mes habitudes qui, au début, me manquaient et à les remplacer par d'autres. C'est surtout en me défaisant du confort auquel j'étais accrochée et habituée au Québec que j'ai réussi à concentrer mes efforts pour travailler sur moi-même ici au Yukon. Jamais je n'aurais appris à conduire, jamais je n'aurais réussi à être assez assidue à régler toutes mes dettes d'études jusqu'au dernier centime, jamais je ne serais partie au milieu de la forêt sans craindre d'être attaquée par les ours, jamais je n'aurais bâti et créé les projets qui abondent dans ma tête désormais, jamais je n'aurais eu le courage de passer ma première entrevue d'embauche en anglais, jamais je n'aurais exploré et réorganisé ma personnalité et ses problèmes... Même passer Noël sans ma famille n'a pas été aussi terrible que je l'avais anticipé : on m'a prouvé qu'on pensait à moi de loin, qu'on m'aimait et j'ai chéri les moments que j'ai passés en leur compagnie même à 6000 kilomètres de distance. Avec la bonne attitude, j'ai transformé mes craintes, mes doutes et mes problèmes en opportunités, en défis et en courage.
J'ai surmonté l'isolement et la solitude en acceptant que les aventures sont indissociables des mésaventures. J'ai cessé de lutter contre ces symptômes inévitables du déménagement à l'étranger. J'ai accueilli la douleur, la souffrance, qui venait en paquet de deux avec mon choix de vivre au Yukon et de quitter absolument tout ce que je connaissais. J'ai compris que les défis étaient nécessaires à mon évolution et à l'amélioration de ma personne. C'est peut-être masochiste de se laisser souffrir, mais c'est aussi authentique. Je connais nombre de gens qui, toute leur vie, tenteront d'éviter la réalité de la souffrance de toutes les manières possibles. Au lieu d'accepter leurs faiblesses et de se relever, elles mettront leurs démons dans un boîte, jusqu'à ce qu'elle déborde un jour et que l'enfer en sorte. J'aurais fini par souffrir d'une autre manière un jour si je ne m'étais pas permis d'être malheureuse, pour ensuite me relever de ces émotions négatives. Cette expérience de la solitude et de l'isolement m'a rendue plus forte, et elle continue de le faire.
J'assume encore mon choix aujourd'hui d'avoir déménagé au Yukon et je suis heureuse que mon expérience ne soit pas parfaite. Je ne changerais pour rien au monde ce que j'ai vécu jusqu'à présent, autant dans le pire moment que dans la perfection de certaines journées. Je vis vraiment, enfin, parce que je sors de ma zone de confort, je me dépasse à des niveaux que je n'ai jamais osé atteindre auparavant et j'accepte l'imperfection de ma vie.
Avant de me lancer dans l'expérience du Yukon, j'avais déjà voyagé au Pérou pour une durée de cinq semaines et j'avais également fait une immersion en Allemagne durant trois semaines. J'avais appris à me connaître en tant que voyageuse et à faire l'expérience du détachement émotionnel temporaire envers ma propre culture pour faire place à la découverte d'une culture différente. Pourtant, malgré ces voyages qui m'avaient soit-disant préparée au préalable à l'expérience du Yukon, ce n'était pas assez. Ma situation était différente cette fois : je n'étais pas en voyage, et je n'étais pas une touriste. J'étais une immigrante. Je m'installais en permanence dans cet endroit qui m'était inconnu et où je n'avais jamais mis les pieds auparavant. Je ne pouvais pas rigoler et prendre cet air d'insouciance de la touriste qui reste un moment, s'amuse, puis repart. Je ne pouvais dépenser mon budget comme bon me semblait pour des cadeaux souvenirs ou des petites folies passagères, car après tout, je ne reviendrais peut-être jamais ici. Je ne pouvais visiter certains endroits simplement pour le plaisir sans me soucier de devoir me rappeler les détails ensuite. Tout ce que j'apprenais, tout ce que je faisais, tout ce que j'achetais, je le ramenais avec moi le soir dans mon quotidien, et il se devait de bâtir mon apprentissage de ma nouvelle culture. Pour survivre, je savais que j'avais l'obligation de m'adapter au Yukon et à son mode de vie du mieux que je pouvais.
Les premiers mois d'avril et de mai, je vivais un peu comme une touriste, je dois l'avouer. Je regardais littéralement partout et tout me semblait impressionnant. Il est aussi incroyable de constater à quel point - mais vraiment à quel point - je comparais absolument tout du Yukon avec le Québec. J'idéalisais le Yukon d'une manière presque divine, ne lui trouvant aucun défaut apparent. Je vivais exactement la même expérience que lorsqu'on tombe amoureux et que l'heureux élu nous semble l'incarnation de la perfection. Je me souviens m'être très souvent sentie énervante pour les autres de toujours comparer chaque détail d'une conversation avec le Québec. Oui, nous au Québec aussi c'est comme ça... Ah, non, nous au Québec, c'est pas comme ça... C'était juste plus fort que moi de comparer sans cesse. Et je me disais que ça passerait, parce que c'est une étape du processus d'adaptation.
Bien que j'étais souvent occupée avec mon stage à temps plein les deux premiers mois, mes proches me manquaient. J'appelais mes parents chaque jour même si je n'avais rien de particulier à leur raconter. Je n'avais pas d'amis au tout début, et mon seul allié était MEC. Nous étions mutuellement la seule personne sur qui l'autre pouvait compter. Cette immigration au Yukon ensemble nous a énormément rapprochés et nous savions que tous les deux, nous allions y arriver grâce à notre soutien réciproque. Mais bien que notre couple ait été très fort, j'avais besoin d'amis et j'avais besoin de développer un cercle social. J'ai toujours eu beaucoup de mal à rester seule et isolée pour une longue période de temps.
C'est aussi que le Yukon est un endroit qui respire l'isolement en lui-même. Situé au nord des grandes agglomérations canadiennes, les grandes villes et les gens n'abondent pas. En fait, la seule grande ville du territoire détient environ 30,000 habitants et c'est aussi la capitale, Whitehorse. Y rencontrer des gens est plus facile qu'à Montréal, vu la facilité d'approche de ces derniers qui vous saluent simplement dans la rue, mais encore est-il qu'il faut sortir et participer à des événements. N'ayant pas de voiture et MEC n'aimant pas sortir, je me retrouvais souvent prise entre mon appartement, le chemin vers mon lieu de stage et le centre d'interprétation lui-même. Je me suis contentée des relations professionnelles que je développais avec mes collègues pour les premiers mois, mais j'avais besoin de me faire des amis pour l'été.
C'est en dénichant un emploi à la Passe migratoire des Rapides de Whitehorse que mes premières amitiés se sont développées. Mon anglais s'est aussi amélioré en flèche. Je vivais comme si j'avais reçu une bombe de joie explosive dans mon univers : sorties dans les bars, les restaurants, participation à des événements, nouvelles rencontres après nouvelles rencontres, randonnées, soupers BBQ, sorties de pêche et feux de camps... c'était merveilleux. Cet été-là, j'avais compris qu'il m'était possible de me faire des amis, que j'étais appréciée malgré mes différences culturelles et que la solitude n'était pas pour moi. J'étais heureuse quand j'étais entourée.
Mais le bonheur s'est dissipé lorsque l'été nous a quittés, et que mes amis sont repartis, pour la plupart, dans les autres villes canadiennes pour étudier à l'université. D'un coup, je me suis retrouvée seule, mon emploi saisonnier étant arrivé à sa fin, le bonheur de l'été et du soleil qui repartaient se cacher. La brutalité de l'hiver s'est manifestée trop tôt et la noirceur avec. J'ai fait un peu de bénévolat pour rencontrer de nouvelles personnes, mais je n'avais pas les résultats escomptés. Je participais à quelques événements, mais je brillais au milieu de la foule par ma solitude. Je continuais tout de même à sortir, j'allais dans les cafés, je saluais les gens dans la rue. Finalement, j'ai simplement cessé de lutter et j'ai intériorisé le fait que je devais vivre avec la solitude. Ironique, n'est-ce pas, que la solitude devienne mon alliée? La solitude fait partie de la vie, et il faut accepter le fait qu'on naît seul, qu'on vit seul et qu'on mourra seul. L'unique être qui nous accompagne tout au long de notre existence, vraiment, c'est soi-même. Cette réalisation, bien que douloureuse, s'est avérée bénéfique pour moi. De comprendre que je ne devais pas dépendre des autres pour être heureuse et pour avancer dans ma quête a été un apprentissage de taille qui me servira à vivre plus en paix à l'avenir. C'est en vivant la véritable solitude et l'isolement de mes proches au Yukon que j'ai compris l'importance de forger son caractère et de travailler sur la force de sa personne. Je ne l'avais jamais fait avant, et ce travail sur moi-même s'effectue encore petit à petit à l'heure actuelle, mais mes progrès sont importants et je suis fière de mon cheminement.
J'ai réalisé qu'être loin de mes proches m'avait rapprochée d'eux au fond. Je parle avec ma mère et mon père davantage qu'auparavant et j'apprécie encore plus la valeur de nos échanges et de nos conversations vidéos. Je m'ouvre davantage à mes amis que je ne l'ai fait auparavant et j'ai appris à les écouter plus attentivement que je ne le faisais lorsque nous étions physiquement ensemble. J'ai aussi appris à me défaire de certaines de mes habitudes qui, au début, me manquaient et à les remplacer par d'autres. C'est surtout en me défaisant du confort auquel j'étais accrochée et habituée au Québec que j'ai réussi à concentrer mes efforts pour travailler sur moi-même ici au Yukon. Jamais je n'aurais appris à conduire, jamais je n'aurais réussi à être assez assidue à régler toutes mes dettes d'études jusqu'au dernier centime, jamais je ne serais partie au milieu de la forêt sans craindre d'être attaquée par les ours, jamais je n'aurais bâti et créé les projets qui abondent dans ma tête désormais, jamais je n'aurais eu le courage de passer ma première entrevue d'embauche en anglais, jamais je n'aurais exploré et réorganisé ma personnalité et ses problèmes... Même passer Noël sans ma famille n'a pas été aussi terrible que je l'avais anticipé : on m'a prouvé qu'on pensait à moi de loin, qu'on m'aimait et j'ai chéri les moments que j'ai passés en leur compagnie même à 6000 kilomètres de distance. Avec la bonne attitude, j'ai transformé mes craintes, mes doutes et mes problèmes en opportunités, en défis et en courage.
J'ai surmonté l'isolement et la solitude en acceptant que les aventures sont indissociables des mésaventures. J'ai cessé de lutter contre ces symptômes inévitables du déménagement à l'étranger. J'ai accueilli la douleur, la souffrance, qui venait en paquet de deux avec mon choix de vivre au Yukon et de quitter absolument tout ce que je connaissais. J'ai compris que les défis étaient nécessaires à mon évolution et à l'amélioration de ma personne. C'est peut-être masochiste de se laisser souffrir, mais c'est aussi authentique. Je connais nombre de gens qui, toute leur vie, tenteront d'éviter la réalité de la souffrance de toutes les manières possibles. Au lieu d'accepter leurs faiblesses et de se relever, elles mettront leurs démons dans un boîte, jusqu'à ce qu'elle déborde un jour et que l'enfer en sorte. J'aurais fini par souffrir d'une autre manière un jour si je ne m'étais pas permis d'être malheureuse, pour ensuite me relever de ces émotions négatives. Cette expérience de la solitude et de l'isolement m'a rendue plus forte, et elle continue de le faire.
J'assume encore mon choix aujourd'hui d'avoir déménagé au Yukon et je suis heureuse que mon expérience ne soit pas parfaite. Je ne changerais pour rien au monde ce que j'ai vécu jusqu'à présent, autant dans le pire moment que dans la perfection de certaines journées. Je vis vraiment, enfin, parce que je sors de ma zone de confort, je me dépasse à des niveaux que je n'ai jamais osé atteindre auparavant et j'accepte l'imperfection de ma vie.