La route la plus effrayante |
La fois où MEC et moi sommes allés en voiture sur la route la plus accidentée à flanc de montagne pour atteindre Grey Mountain.
Grey Mountain est accessible en voiture par Riverdale, un quartier de Whitehorse situé de l'autre côté du pont. MEC et moi avions décidé d'enfin y aller ensemble pour une excursion, après qu'il y soit allé au préalable avec Alexe cet été et Guigui. J'étais la petite dernière! Chaque fois que nous voulions nous y rendre, je travaillais ou nous avions un empêchement. C'est donc vers la fin du mois de septembre que nous y sommes allés pour la première fois tous les deux. Grey Mountain est un mont caractéristique de la capitale et c'est d'ailleurs la randonnée alpine la plus près de Whitehorse, à seulement 12 kilomètres de là. Lorsqu'on arrive au sommet, à 1495 mètres, on peut voir du Lac Marsh au sud jusqu'au Lac Laberge au nord, incluant Whitehorse. Le panorama est tout simplement grandiose. La randonnée est listée facile, et du stationnement en haut de la montagne près des tours de communication de la ville jusqu'au sommet, c'est une randonnée de 2,5 kilomètres avec une élévation de 200 mètres seulement.
Je ne me doutais pas que ce qui me donnerait de véritables sueurs froides, ce serait la montée en voiture. Vivre 12 kilomètres d'enfer est tout simplement interminable, malgré la vue splendide et les mignons lagopèdes. Au départ, la route montait quand même à pic. Nous avions décidé d'y aller avec ma nouvelle voiture, le Jimmy, question de tester ses capacités. Les pneus étaient vieux et certaines réparations étaient nécessaires. Aussi, le 4x4 ne fonctionne pas sur le VUS. L'automne nous montrait ses couleurs parsemées en bordure de route, jusqu'à ce qu'on ne voit plus l'automne, mais le vide. Mon Jimmy passait à flanc de montagne. Si j'ouvrais ma portière, je mettais les pieds dans un vide d'une centaine de mètres! Heureusement que MEC conduisait. Il tentait d'être prudent et d'y aller doucement, surtout lorsque nous roulions sur d'immenses plaques de roche qui s'effritaient. D'énormes nids-de-poule nous faisaient bondir dans la voiture et vers la fin, j'avais la nausée. Les trous de cette route incroyablement accidentée et dangereuse faisaient compétition aux chantiers de construction à Montréal. Nous croisions parfois des voitures qui descendaient, et nous avons même rencontré une Civic. Pour quelques minutes, j'étais rassurée : si la Civic avait pu se rendre en haut et redescendre, mon Jimmy le pouvait aussi.
La terreur se lisait dans mes yeux. Je m'accrochais à ma portière, mais je savais que c'était inutile. Si nous faisions une mauvaise manoeuvre ou si ma voiture rendait l'âme à force de trop forcer dans ces pentes abruptes, MEC et moi étions voués au ravin en bas complètement de la montagne. J'ignorais si c'était déjà arrivé auparavant, que des gens se tuent sur cette route, mais ça ne m'aurait pas surpris. Même si je n'ai habituellement pas trop peur des hauteurs, j'étais cette fois complètement paralysée. Cette montée m'a ramenée quatre ans en arrière, alors que j'étais au Pérou pour un voyage humanitaire. Nous devions prendre un autobus qui conduisait d'une contrée éloignée dans les Alpes jusqu'à la ville la plus près, le tout durant sept heures. Je me rappelle que le bus était bondé à notre départ de la ville suite à notre projet humanitaire. Toutes sortes de gens s'entassaient sur nous, et entassaient aussi leurs biens. Lorsqu'il n'y eut plus de place entre les bancs, sur les bancs, sur les gens et entre les cages de poules, les voyageurs entassèrent leurs biens sur le toit du bus. Je ne vous parle pas du poids. J'avais l'impression que le toit allait s'écraser sur notre tête. La suspension du bus était en péril, les roues sur le bord d'exploser et l'équilibre dans les tournants, risqué. À peine trente centimètres séparaient les pneus d'une chute de plus de mille mètres dans le vide des Alpes. Ce calvaire dura une éternité sans que nous ne puissions rien y faire. Je regardais les passagers péruviens, et tous priaient, inquiets de la situation. Si les civils eux-mêmes étaient si inquiets, alors je devais vraiment risquer pour ma vie. Je me rappelle de ce jour comme l'un des rares où moi aussi, j'ai prié!
Grey Mountain était moins pire que le Pérou, bien sûr. Je faisais confiance à MEC, et aussi à ma nouvelle voiture. Mais il est simplement difficile de garder son sang-froid à flanc de montagne, surtout quand la route est impraticable.
Après avoir roulé le plus précisément et lentement possible, nous étions arrivés au stationnement près de la tour de communication. Ça faisait tout drôle de voir cette tour de si près alors qu'elle avait toujours parue si petite vue de la ville. Notre randonnée pouvait commencer.
Au sommet, il faisait froid et il ventait fort. Nous étions bien équipés et bien habillés, mais nous aurions volontiers usé d'un petit foulard et d'une petite tuque de plus. Le plus drôle, c'est quand j'ai eu envie de faire pipi. Nous étions presque arrivés au sommet de Grey Mountain, mais je ne pouvais plus me retenir. Être si haut dans les airs me donnait l'impression que tout le monde pouvait me voir d'en bas. En plus, j'avais mon coupe-vent jaune fluo qui sort du lot. Je crois bien que personne ne m'a vue malgré mes inquiétudes!
Lorsque notre randonnée était finie, nous avons rembarqué dans la voiture et avons entamé le chemin inverse. MEC devait alors conduire différemment, en testant mes freins plutôt que l'accélérateur. Comme il savait que j'avais peur, il renchérissait en passant des commentaires tels que imagine que les freins lâchent... imagine que les pneus perdent leur adhérence... imagine que je m'endorme... c'est l'endroit idéal pour une crevaison... Il savait comment tirer plaisir de ma peur.
En arrivant enfin en bas, nous retrouvions le Centre-ville tel que nous le connaissions. Le S.S Klondike brillait sous le soleil qui se couchait doucement, et Grey Mountain, imposante, se dressait sur Whitehorse.
Je ne me doutais pas que ce qui me donnerait de véritables sueurs froides, ce serait la montée en voiture. Vivre 12 kilomètres d'enfer est tout simplement interminable, malgré la vue splendide et les mignons lagopèdes. Au départ, la route montait quand même à pic. Nous avions décidé d'y aller avec ma nouvelle voiture, le Jimmy, question de tester ses capacités. Les pneus étaient vieux et certaines réparations étaient nécessaires. Aussi, le 4x4 ne fonctionne pas sur le VUS. L'automne nous montrait ses couleurs parsemées en bordure de route, jusqu'à ce qu'on ne voit plus l'automne, mais le vide. Mon Jimmy passait à flanc de montagne. Si j'ouvrais ma portière, je mettais les pieds dans un vide d'une centaine de mètres! Heureusement que MEC conduisait. Il tentait d'être prudent et d'y aller doucement, surtout lorsque nous roulions sur d'immenses plaques de roche qui s'effritaient. D'énormes nids-de-poule nous faisaient bondir dans la voiture et vers la fin, j'avais la nausée. Les trous de cette route incroyablement accidentée et dangereuse faisaient compétition aux chantiers de construction à Montréal. Nous croisions parfois des voitures qui descendaient, et nous avons même rencontré une Civic. Pour quelques minutes, j'étais rassurée : si la Civic avait pu se rendre en haut et redescendre, mon Jimmy le pouvait aussi.
La terreur se lisait dans mes yeux. Je m'accrochais à ma portière, mais je savais que c'était inutile. Si nous faisions une mauvaise manoeuvre ou si ma voiture rendait l'âme à force de trop forcer dans ces pentes abruptes, MEC et moi étions voués au ravin en bas complètement de la montagne. J'ignorais si c'était déjà arrivé auparavant, que des gens se tuent sur cette route, mais ça ne m'aurait pas surpris. Même si je n'ai habituellement pas trop peur des hauteurs, j'étais cette fois complètement paralysée. Cette montée m'a ramenée quatre ans en arrière, alors que j'étais au Pérou pour un voyage humanitaire. Nous devions prendre un autobus qui conduisait d'une contrée éloignée dans les Alpes jusqu'à la ville la plus près, le tout durant sept heures. Je me rappelle que le bus était bondé à notre départ de la ville suite à notre projet humanitaire. Toutes sortes de gens s'entassaient sur nous, et entassaient aussi leurs biens. Lorsqu'il n'y eut plus de place entre les bancs, sur les bancs, sur les gens et entre les cages de poules, les voyageurs entassèrent leurs biens sur le toit du bus. Je ne vous parle pas du poids. J'avais l'impression que le toit allait s'écraser sur notre tête. La suspension du bus était en péril, les roues sur le bord d'exploser et l'équilibre dans les tournants, risqué. À peine trente centimètres séparaient les pneus d'une chute de plus de mille mètres dans le vide des Alpes. Ce calvaire dura une éternité sans que nous ne puissions rien y faire. Je regardais les passagers péruviens, et tous priaient, inquiets de la situation. Si les civils eux-mêmes étaient si inquiets, alors je devais vraiment risquer pour ma vie. Je me rappelle de ce jour comme l'un des rares où moi aussi, j'ai prié!
Grey Mountain était moins pire que le Pérou, bien sûr. Je faisais confiance à MEC, et aussi à ma nouvelle voiture. Mais il est simplement difficile de garder son sang-froid à flanc de montagne, surtout quand la route est impraticable.
Après avoir roulé le plus précisément et lentement possible, nous étions arrivés au stationnement près de la tour de communication. Ça faisait tout drôle de voir cette tour de si près alors qu'elle avait toujours parue si petite vue de la ville. Notre randonnée pouvait commencer.
Au sommet, il faisait froid et il ventait fort. Nous étions bien équipés et bien habillés, mais nous aurions volontiers usé d'un petit foulard et d'une petite tuque de plus. Le plus drôle, c'est quand j'ai eu envie de faire pipi. Nous étions presque arrivés au sommet de Grey Mountain, mais je ne pouvais plus me retenir. Être si haut dans les airs me donnait l'impression que tout le monde pouvait me voir d'en bas. En plus, j'avais mon coupe-vent jaune fluo qui sort du lot. Je crois bien que personne ne m'a vue malgré mes inquiétudes!
Lorsque notre randonnée était finie, nous avons rembarqué dans la voiture et avons entamé le chemin inverse. MEC devait alors conduire différemment, en testant mes freins plutôt que l'accélérateur. Comme il savait que j'avais peur, il renchérissait en passant des commentaires tels que imagine que les freins lâchent... imagine que les pneus perdent leur adhérence... imagine que je m'endorme... c'est l'endroit idéal pour une crevaison... Il savait comment tirer plaisir de ma peur.
En arrivant enfin en bas, nous retrouvions le Centre-ville tel que nous le connaissions. Le S.S Klondike brillait sous le soleil qui se couchait doucement, et Grey Mountain, imposante, se dressait sur Whitehorse.