Ces entrevues où l'on n'est pas (encore) la bonne candidate |
Je vous parle de mon découragement d'avoir passé trois entrevues pour des emplois parfaits et de n'avoir pas été sélectionnée.
Je ne veux pas sembler prétentieuse, mais j'ai souvent obtenu ce que je convoitais dans le passé. Je remportais souvent des concours ou des bourses d'études au regard de l'excellence de mon dossier et de mes capacités, mais aussi par rapport à mon implication sociale. Je savais aussi jouer avec les mots. J'aimais faire partie du mouvement et j'avais cette facilité à convaincre autrui que j'étais la meilleure. Je n'étais pas toujours la meilleure réellement, mais j'avais un pouvoir exceptionnel de manipuler les mots pour offrir cette impression que je l'étais. Manipulation, ai-je bien dit manipulation? Peut-être. Je ne sais pas vraiment, mais je savais que grâce aux mots, j'arrivais à gagner le coeur des gens. S'il y avait bien une force que je reconnaissais en moi, c'était celle-là.
Lorsque je suis arrivée au Yukon, mon monde s'est effondré. Pour le meilleur et pour le pire. Pour le pire puisque plus rien n'était pareil et je sortais de ma zone de confort, et pour le meilleur pour les mêmes raisons. Le Yukon m'a changée en grande partie. Je suis devenue plus humble, j'ai appris à faire des efforts que je ne faisais pas auparavant pour parvenir à mes rêves et je me suis retrouvée pour la première fois de ma vie dans des situations où non, je n'étais pas la meilleure. Quand j'y réfléchis maintenant, je trouve que c'est un des événements les plus merveilleux qui me soit arrivé. J'étais hors de ma zone de confort, puisque je ne parlais pas couramment anglais, en tout cas, pas aussi bien que les autres Yukonnais. Je devais faire de gros efforts pour m'exprimer avec justesse à mes débuts et malgré tous mes efforts éreintants, je n'accotais pas la moyenne. J'étais démoralisée d'être à un si bas niveau pour la première fois de ma vie et de voir tous ces gens obtenir ce qu'ils voulaient lorsque je baissais les yeux sur mes mains vides. J'étais déçue. Découragée. Je doutais de moi.
J'ai commencé à voir tout le positif des déceptions que je vivais après un certain temps. Au début, je ne voyais que mon échec et ma paralysie face au succès dans un monde anglophone. J'appelais à la conspiration contre mon origine, aux préjugés sur ma personne. C'est surtout la langue qui me diminuait aux yeux d'autrui, à mon avis. J'étais convaincue. Ce n'était bien sûr pas la faute de la langue, mais ma propre faute : celle d'avoir été trop habituée au succès et d'avoir cru que tout m'était dû tout cru dans le bec. C'était ma propre faute de prétendre que j'étais la meilleure quand je ne l'étais simplement plus et que je ne l'avais peut-être jamais été. Il me manquait une force de vivre et cette énergie fonceuse que beaucoup d'autres savaient utiliser mieux que moi, devenue paresseuse au fil des ans. Je devais admettre que j'avais perdu mon droit que je croyais acquis de tout réussir à la perfection et que désormais, pour obtenir ce que je voulais, je devais me battre. Il fallait que je travaille fort pour y arriver, plus fort que la moyenne et plus fort que la voix qui me chuchotait désormais que je n'étais pas à la hauteur.
Quand je suis revenue de ma première entrevue pour une importante entreprise locale d'événementiel, j'étais certaine que c'était dans la poche. Ma véritable première entrevue en anglais avait eu lieu à la Passe migratoire des Rapides de Whitehorse et j'avais été choisie. C'était donc clair pour moi que cette fois aussi, pour cette entreprise d'événementiel, j'allais m'en sortir sans problème. J'avais répondu à toutes les questions sans hésiter devant ces deux personnes que je ne connaissais pas, j'avais fait preuve d'originalité, j'avais réussi à faire transparaître ma personnalité à travers mes choix de réponses, bref, j'avais cette impression qui ne trompe pas : j'allais être choisie. La semaine passa sans nouvelles et je rappelai pour connaître le verdict. Non, je n'étais pas la bonne candidate.
J'en avais parlé à tous mes proches de cette entrevue, j'avais décrit en détails son déroulement et j'anticipais avec impatience ma première journée de travail au sein de l'équipe. J'avais étudié tout le site Internet et j'avais lu les déroulements des événements antérieurs de l'entreprise. J'étais allée trop loin trop vite, en somme. Inutile de vous décrire à quel point j'ai été triste d'apprendre que cette première journée de travail au sein de l'équipe n'aurait pas lieu.
Puis, deux autres entrevues d'importance ont eu lieu. Elles s'étaient bien déroulées, mais après la première, j'étais descendue de mes grands chevaux. J'allais à l'entrevue la tête basse, avec cette impression qu'on ne m'aimerait pas, qu'on déplorerait mon anglais, qu'on ne me donnerait pas ma chance. Et pour rendre mes fantaisies encore plus réelles, ces anticipations négatives se réalisaient. Coïncidence? Mais j'ai compris que si je ne changeais pas mon approche, le sentiment que j'éprouve envers moi-même et mes attentes, j'allais être continuellement gratifiée de refus. Et les refus feraient partie de la vie, peu importe mes efforts. C'était donc un jeu où il fallait toujours miser nos meilleures cartes, et toujours détenir cette possibilité de perdre la partie, malgré nos stratégies, nos actions, nos choix. Tout ce qu'on pouvait ramener chez soi le soir lors de ces échecs-là était le plaisir d'avoir joué.
Je n'étais plus la meilleure. J'avais encaissé refus après refus. J'étais déprimée et triste. Mon estime personnelle en prit un coup, mais elle se mit à jour aussi. Si je voulais gravir les échelons, je devrais m'investir et faire davantage d'efforts. Cela prendrait du temps peut-être. J'étais prête à être assidue, et patiente envers moi-même. Mon jour viendrait. Le Yukon me permettrait d'apprendre à me dépasser, à travailler avec acharnement pour obtenir ce que je convoitais et au final, me laisserait avec beaucoup plus d'aptitudes et de fierté.
J'ai décidé de cesser ma recherche d'emploi acharnée. J'ai décidé de miser sur le perfectionnement de mon anglais et sur la recherche de mes véritables objectifs qui détermineraient ce que j'attendrais de ma vie professionnelle future. J'ai débuté le projet de lancer ma propre entreprise, puisqu'aucune autre ne me voulait au sein de la sienne. En somme, je me suis révoltée de mon sort. Je n'allais pas me laisser abattre par les refus et j'allais créer mes propres opportunités.
Les échecs m'ont appris à m'investir davantage vers la réussite plutôt que de l'anticiper de surcroît. J'ai appris à redéfinir mes capacités, à me fixer des objectifs réalistes et à admettre que je n'étais pas celle que je croyais. J'ai pris un grand coup, mais au final, j'ai pu tourner tous ces refus amers en opportunités. Maintenant, je continue d'avancer.
Lorsque je suis arrivée au Yukon, mon monde s'est effondré. Pour le meilleur et pour le pire. Pour le pire puisque plus rien n'était pareil et je sortais de ma zone de confort, et pour le meilleur pour les mêmes raisons. Le Yukon m'a changée en grande partie. Je suis devenue plus humble, j'ai appris à faire des efforts que je ne faisais pas auparavant pour parvenir à mes rêves et je me suis retrouvée pour la première fois de ma vie dans des situations où non, je n'étais pas la meilleure. Quand j'y réfléchis maintenant, je trouve que c'est un des événements les plus merveilleux qui me soit arrivé. J'étais hors de ma zone de confort, puisque je ne parlais pas couramment anglais, en tout cas, pas aussi bien que les autres Yukonnais. Je devais faire de gros efforts pour m'exprimer avec justesse à mes débuts et malgré tous mes efforts éreintants, je n'accotais pas la moyenne. J'étais démoralisée d'être à un si bas niveau pour la première fois de ma vie et de voir tous ces gens obtenir ce qu'ils voulaient lorsque je baissais les yeux sur mes mains vides. J'étais déçue. Découragée. Je doutais de moi.
J'ai commencé à voir tout le positif des déceptions que je vivais après un certain temps. Au début, je ne voyais que mon échec et ma paralysie face au succès dans un monde anglophone. J'appelais à la conspiration contre mon origine, aux préjugés sur ma personne. C'est surtout la langue qui me diminuait aux yeux d'autrui, à mon avis. J'étais convaincue. Ce n'était bien sûr pas la faute de la langue, mais ma propre faute : celle d'avoir été trop habituée au succès et d'avoir cru que tout m'était dû tout cru dans le bec. C'était ma propre faute de prétendre que j'étais la meilleure quand je ne l'étais simplement plus et que je ne l'avais peut-être jamais été. Il me manquait une force de vivre et cette énergie fonceuse que beaucoup d'autres savaient utiliser mieux que moi, devenue paresseuse au fil des ans. Je devais admettre que j'avais perdu mon droit que je croyais acquis de tout réussir à la perfection et que désormais, pour obtenir ce que je voulais, je devais me battre. Il fallait que je travaille fort pour y arriver, plus fort que la moyenne et plus fort que la voix qui me chuchotait désormais que je n'étais pas à la hauteur.
Quand je suis revenue de ma première entrevue pour une importante entreprise locale d'événementiel, j'étais certaine que c'était dans la poche. Ma véritable première entrevue en anglais avait eu lieu à la Passe migratoire des Rapides de Whitehorse et j'avais été choisie. C'était donc clair pour moi que cette fois aussi, pour cette entreprise d'événementiel, j'allais m'en sortir sans problème. J'avais répondu à toutes les questions sans hésiter devant ces deux personnes que je ne connaissais pas, j'avais fait preuve d'originalité, j'avais réussi à faire transparaître ma personnalité à travers mes choix de réponses, bref, j'avais cette impression qui ne trompe pas : j'allais être choisie. La semaine passa sans nouvelles et je rappelai pour connaître le verdict. Non, je n'étais pas la bonne candidate.
J'en avais parlé à tous mes proches de cette entrevue, j'avais décrit en détails son déroulement et j'anticipais avec impatience ma première journée de travail au sein de l'équipe. J'avais étudié tout le site Internet et j'avais lu les déroulements des événements antérieurs de l'entreprise. J'étais allée trop loin trop vite, en somme. Inutile de vous décrire à quel point j'ai été triste d'apprendre que cette première journée de travail au sein de l'équipe n'aurait pas lieu.
Puis, deux autres entrevues d'importance ont eu lieu. Elles s'étaient bien déroulées, mais après la première, j'étais descendue de mes grands chevaux. J'allais à l'entrevue la tête basse, avec cette impression qu'on ne m'aimerait pas, qu'on déplorerait mon anglais, qu'on ne me donnerait pas ma chance. Et pour rendre mes fantaisies encore plus réelles, ces anticipations négatives se réalisaient. Coïncidence? Mais j'ai compris que si je ne changeais pas mon approche, le sentiment que j'éprouve envers moi-même et mes attentes, j'allais être continuellement gratifiée de refus. Et les refus feraient partie de la vie, peu importe mes efforts. C'était donc un jeu où il fallait toujours miser nos meilleures cartes, et toujours détenir cette possibilité de perdre la partie, malgré nos stratégies, nos actions, nos choix. Tout ce qu'on pouvait ramener chez soi le soir lors de ces échecs-là était le plaisir d'avoir joué.
Je n'étais plus la meilleure. J'avais encaissé refus après refus. J'étais déprimée et triste. Mon estime personnelle en prit un coup, mais elle se mit à jour aussi. Si je voulais gravir les échelons, je devrais m'investir et faire davantage d'efforts. Cela prendrait du temps peut-être. J'étais prête à être assidue, et patiente envers moi-même. Mon jour viendrait. Le Yukon me permettrait d'apprendre à me dépasser, à travailler avec acharnement pour obtenir ce que je convoitais et au final, me laisserait avec beaucoup plus d'aptitudes et de fierté.
J'ai décidé de cesser ma recherche d'emploi acharnée. J'ai décidé de miser sur le perfectionnement de mon anglais et sur la recherche de mes véritables objectifs qui détermineraient ce que j'attendrais de ma vie professionnelle future. J'ai débuté le projet de lancer ma propre entreprise, puisqu'aucune autre ne me voulait au sein de la sienne. En somme, je me suis révoltée de mon sort. Je n'allais pas me laisser abattre par les refus et j'allais créer mes propres opportunités.
Les échecs m'ont appris à m'investir davantage vers la réussite plutôt que de l'anticiper de surcroît. J'ai appris à redéfinir mes capacités, à me fixer des objectifs réalistes et à admettre que je n'étais pas celle que je croyais. J'ai pris un grand coup, mais au final, j'ai pu tourner tous ces refus amers en opportunités. Maintenant, je continue d'avancer.