En novembre, nous avons du chercher un autre logis : c'est alors que nous avons découvert les merveilles du housesitting!
Trouver un logis à moindre coût au Yukon est un défi. On parle souvent d'une crise du logement généralisée dans tout le territoire. Cette situation s'explique par la croissance de la population qui s'accentue chaque année de façon presque exponentielle sans pour autant offrir de nouvelles options en terme d'habitation. En effet, le Yukon connaît un taux d'immigration - ou plutôt de migration inter provinciale - plus élevé que la moyenne nationale, avec 5,8% de croissance démographique enregistrée entre 2011 et 2016.
Tous les Yukonnais de longue date nous disaient à quel point le coût des propriétés est monté en flèche il y a 20 ans, rendant l'option d'être locataire plutôt que propriétaire beaucoup plus abordable à court terme pour la moyenne des habitants. Les maisons sont chères au Yukon, listées à environ 400 000$-600 000$ en moyenne pour quelque chose de décent permettant d'y mettre des enfants, disons. Tout de même, trouver un appartement ordinaire pas très spacieux ou même louer une suite au sous-sol d'une maison dans les quartiers entourant le Centre-ville de Whitehorse coûte entre 1000$ et 1500$ par mois, avec souvent rien d'inclus dans ce prix. La moyenne de prix est souvent 1200$ pour un petit appartement avec rien d'inclus (2½-4½) ou à partir de 1400$ pour une suite en sous-sol avec rien d'inclus. Vous me direz que ce n'est pas très abordable? Vous avez raison, pour une personne seule ou une mère monoparentale avec des enfants à charge, ce peut devenir difficile. L'option de louer une chambre devient alors un dernier ressort pour ces personnes à faible revenu, ou encore d'obtenir de l'aide de Yukon Housing.
Par contre, les salaires au Yukon sont généralement plus élevés, surtout pour ceux travaillant au sein du gouvernement. Le taux d'imposition et les taxes de vente sont également moins élevés qu'au Québec (taxe de vente GST de 5% au Yukon contre environ 15% au Québec). En somme, les rentrées et sorties d'argent sont similaires à celles du Québec, avec un léger avantage au Yukon tout dépendamment du mode de vie. Et c'est là que la recherche d'un logement abordable peut faire une énorme différence sur le luxe de vivre qui sera alors permis pour les locataires.
MEC et moi avons considéré l'achat d'une propriété à un certain moment et avons même été jusqu'à visiter quelques endroits avec un agent immobilier. Par contre, nous nous sommes vite rendus compte que nous allions trop vite. Nous voulions trouver d'autres options le temps que nous bâtissions notre vie au Yukon et que nous déterminions ce que nous voulions vraiment tous les deux pour le long terme.
Notre premier appartement situé dans un quartier un peu étrange était assez minuscule, de style loft. Nous devions tout de même payer 800$ par mois pour cet espace totalement restreint. Nous avions l'eau chaude comprise, mais nous devions payer le chauffage électrique et l'Internet chaque mois en plus du prix. En moyenne, nous déboursions 1000$ chaque mois pour simplement vivre dans cet appartement, sans compter la nourriture et nos comptes à payer. Ce n'est pas toujours facile de débuter la vie après les études, sans emploi, endetté, et de devoir encore sortir davantage de ses poches. C'est encore pire quand adapter son revenu et ses dépenses se fait dans un environnement totalement nouveau. MEC et moi avons fait attention à nos dépenses du mieux que nous pouvions, et cet appartement n'était pas cher comparativement aux autres endroits de la capitale. Nous étions chanceux de débuter notre vie au Yukon et de débourser si peu pour nous loger. Lorsque les propriétaires de l'appartement à qui nous sous-louions se préparaient à revenir en décembre, nous avons entamé nos recherches pour un nouveau logis. C'est aussi durant cette période que nous cherchions à investir dans une maison, qui revenait à beaucoup moins cher par mois au final ! Par contre, nous n'avions pas la mise de fonds nécessaire pour devenir propriétaires.
Après de nombreuses recherches infructueuses, nous sommes finalement tombés sur une cabin à louer en-dehors de la ville à 600$ par mois. Je trouvais l'endroit trop éloigné de la ville, mais vu le prix, j'acceptai d'aller visiter. MEC y tenait beaucoup et je n'arrivais pas à lui tenir tête. Nous avons signé le bail et offert un dépôt de 300$ pour que le propriétaire nous la garde jusqu'en décembre lorsque nous serions prêts à y emménager. Après avoir passé une fin de semaine complète à nettoyer les lieux, déjà la place avait un peu plus d'allure. C'était une cabin qui avait été construite sans plan initial : les planchers étaient en plywood et se tordaient dans tous les sens, les fenêtres n'étaient pas isolées, et la cuisine était une roulotte des années 70 littéralement qui avait été rattachée au salon. En somme, nous n'aurions pas de douche de l'hiver, mais au moins nous aurions une petite toilette au lieu d'aller dehors dans une toilette sèche comme les cabin classiques au Yukon. Il y avait l'électricité, l'Internet et un four à bois pour chauffer l'espace. Je n'étais vraiment pas chaude à l'idée au départ et je me disais mais dans quoi je m'embarque... Puis, au fil des semaines, j'avais hâte d'essayer ce mode de vie : vivre loin de la ville, observer les montagnes à perte de vue par la porte patio et les aurores boréales la nuit, vivre emmitouflée tout l'hiver pour ne pas geler avec mes grosses pantoufles et ma robe de chambre... prendre ma douche au Canada Games Centre...
Bref, je prenais goût à l'idée malgré les restrictions. Lorsque nous sommes allés visiter nos parents yukonnais pour leur faire part de notre plan, ils ont été assez inquiets pour nous. Ils ne savaient que trop bien à quel point il est inconfortable de vivre dans une cabin l'hiver et que ce n'était pas donné à tous d'aimer le faire quand les températures baissent en bas de -20 degrés Celsius et que les fruits gèlent sur le comptoir. Kim n'était pas convaincue que j'allais aimer, mais MEC m'assura que si j'essayais et qu'au final, je n'aimais pas ça, il accepterait qu'on se trouve un autre endroit où habiter. Nous n'avions pas beaucoup d'options, puisque notre porte-feuilles se portait mal. Ça avait été cher déménager au Yukon!
Le jour-même où MEC et moi devions aller voir le propriétaire de la cabin afin de lui donner l'autre moitié de notre dépôt, Kim nous envoya un texto. Elle voulait que MEC la rappelle le plus vite possible. Après qu'elle lui ait parlé, MEC m'appela. Kim nous avait trouvé un contact désespérément à la recherche de housesitters !
Le housesitting est un mot qui provient du terme babysitting. Au lieu de garder des enfants cependant, c'est une maison. Les Yukonnais sont quelques-uns l'hiver à voyager hors du territoire pour une longue période, que ce soit pour aller vers des destinations plus exotiques ou simplement pour vivre ailleurs au Canada. Le contact que Kim nous avait trouvé vivait dans une maison de bois rond à 30 minutes au sud de Whitehorse. Le propriétaire, un célibataire d'une cinquantaine d'année, avait l'habitude d'aller travailler dans les Prairies durant l'hiver pour y effectuer de nombreux contrats. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au Yukon, on ne peut tout simplement pas laisser une maison sans surveillance. Aussi terrible que cela puisse paraître, les maisons se doivent d'être chauffées continuellement durant les grands froids, auquel cas les températures extrêmement glaciales peuvent faire exploser la tuyauterie et causer des dommages considérables à la propriété. Le Monsieur que Kim nous présenta devait trouver des housesitters immédiatement, puisque son départ était à quelques jours de là. Kim pensa à nous et à la terrible cabin redneck qui nous attendait. Elle savait que c'était notre chance de passer l'hiver au chaud et de ne pas payer trop cher. Autre mention importante : normalement, effectuer du housesitting signifie rendre un service essentiel aux propriétaires. La plupart du temps, les responsabilités demandées pour prendre soin de la maison sont compensées par la gratuité de l'hébergement. C'était notre cas, et tout ce que nous avions besoin de payer étaient les comptes d'électricité, l'Internet et le téléphone. Pas de loyer autrement dit ! En contrepartie, nous devions faire le ménage, pelleter, chauffer adéquatement en utilisant le four à bois et nettoyer régulièrement la cheminée.
Le soir-même de l'appel de Kim, nous avons contacté le propriétaire de la cabin redneck pour annuler notre bail et sommes allés rencontrer le Monsieur dans la maison de bois rond. Après une bonne discussion et une visite des lieux, nous nous sommes entendus pour emménager graduellement jusqu'à ce que notre bail à l'appartement cesse d'être en vigueur à la mi-décembre. La maison était tout simplement extraordinaire. Le soir, c'était calme, serein et intime. La vue des montagnes était tout simplement grandiose tous les matins lorsque les rayons du soleil venaient à bout de survoler les sommets. Les animaux abondaient dans la cour. Nous avions la paix.
Je suis bien contente de ne pas geler cet hiver avec les -40 degrés Celcius que nous avons eus certaines nuits. Nous sommes confortables, au chaud, et pouvons débuter notre vie au Yukon sur des bases meilleures en faisant quelques économies. Le housesitting n'est pas fait pour tous, et souvent il requiert d'être plus éloigné de la ville, mais pour le moment, ce mode de vie nous convient amplement. Nous savons que ce luxe ne durera pas éternellement et le Monsieur reviendra certainement bientôt, mais nous savons en profiter et prendre soin de cette maison comme si c'était la nôtre. Elle nous sert de pratique, en somme.
Tous les Yukonnais de longue date nous disaient à quel point le coût des propriétés est monté en flèche il y a 20 ans, rendant l'option d'être locataire plutôt que propriétaire beaucoup plus abordable à court terme pour la moyenne des habitants. Les maisons sont chères au Yukon, listées à environ 400 000$-600 000$ en moyenne pour quelque chose de décent permettant d'y mettre des enfants, disons. Tout de même, trouver un appartement ordinaire pas très spacieux ou même louer une suite au sous-sol d'une maison dans les quartiers entourant le Centre-ville de Whitehorse coûte entre 1000$ et 1500$ par mois, avec souvent rien d'inclus dans ce prix. La moyenne de prix est souvent 1200$ pour un petit appartement avec rien d'inclus (2½-4½) ou à partir de 1400$ pour une suite en sous-sol avec rien d'inclus. Vous me direz que ce n'est pas très abordable? Vous avez raison, pour une personne seule ou une mère monoparentale avec des enfants à charge, ce peut devenir difficile. L'option de louer une chambre devient alors un dernier ressort pour ces personnes à faible revenu, ou encore d'obtenir de l'aide de Yukon Housing.
Par contre, les salaires au Yukon sont généralement plus élevés, surtout pour ceux travaillant au sein du gouvernement. Le taux d'imposition et les taxes de vente sont également moins élevés qu'au Québec (taxe de vente GST de 5% au Yukon contre environ 15% au Québec). En somme, les rentrées et sorties d'argent sont similaires à celles du Québec, avec un léger avantage au Yukon tout dépendamment du mode de vie. Et c'est là que la recherche d'un logement abordable peut faire une énorme différence sur le luxe de vivre qui sera alors permis pour les locataires.
MEC et moi avons considéré l'achat d'une propriété à un certain moment et avons même été jusqu'à visiter quelques endroits avec un agent immobilier. Par contre, nous nous sommes vite rendus compte que nous allions trop vite. Nous voulions trouver d'autres options le temps que nous bâtissions notre vie au Yukon et que nous déterminions ce que nous voulions vraiment tous les deux pour le long terme.
Notre premier appartement situé dans un quartier un peu étrange était assez minuscule, de style loft. Nous devions tout de même payer 800$ par mois pour cet espace totalement restreint. Nous avions l'eau chaude comprise, mais nous devions payer le chauffage électrique et l'Internet chaque mois en plus du prix. En moyenne, nous déboursions 1000$ chaque mois pour simplement vivre dans cet appartement, sans compter la nourriture et nos comptes à payer. Ce n'est pas toujours facile de débuter la vie après les études, sans emploi, endetté, et de devoir encore sortir davantage de ses poches. C'est encore pire quand adapter son revenu et ses dépenses se fait dans un environnement totalement nouveau. MEC et moi avons fait attention à nos dépenses du mieux que nous pouvions, et cet appartement n'était pas cher comparativement aux autres endroits de la capitale. Nous étions chanceux de débuter notre vie au Yukon et de débourser si peu pour nous loger. Lorsque les propriétaires de l'appartement à qui nous sous-louions se préparaient à revenir en décembre, nous avons entamé nos recherches pour un nouveau logis. C'est aussi durant cette période que nous cherchions à investir dans une maison, qui revenait à beaucoup moins cher par mois au final ! Par contre, nous n'avions pas la mise de fonds nécessaire pour devenir propriétaires.
Après de nombreuses recherches infructueuses, nous sommes finalement tombés sur une cabin à louer en-dehors de la ville à 600$ par mois. Je trouvais l'endroit trop éloigné de la ville, mais vu le prix, j'acceptai d'aller visiter. MEC y tenait beaucoup et je n'arrivais pas à lui tenir tête. Nous avons signé le bail et offert un dépôt de 300$ pour que le propriétaire nous la garde jusqu'en décembre lorsque nous serions prêts à y emménager. Après avoir passé une fin de semaine complète à nettoyer les lieux, déjà la place avait un peu plus d'allure. C'était une cabin qui avait été construite sans plan initial : les planchers étaient en plywood et se tordaient dans tous les sens, les fenêtres n'étaient pas isolées, et la cuisine était une roulotte des années 70 littéralement qui avait été rattachée au salon. En somme, nous n'aurions pas de douche de l'hiver, mais au moins nous aurions une petite toilette au lieu d'aller dehors dans une toilette sèche comme les cabin classiques au Yukon. Il y avait l'électricité, l'Internet et un four à bois pour chauffer l'espace. Je n'étais vraiment pas chaude à l'idée au départ et je me disais mais dans quoi je m'embarque... Puis, au fil des semaines, j'avais hâte d'essayer ce mode de vie : vivre loin de la ville, observer les montagnes à perte de vue par la porte patio et les aurores boréales la nuit, vivre emmitouflée tout l'hiver pour ne pas geler avec mes grosses pantoufles et ma robe de chambre... prendre ma douche au Canada Games Centre...
Bref, je prenais goût à l'idée malgré les restrictions. Lorsque nous sommes allés visiter nos parents yukonnais pour leur faire part de notre plan, ils ont été assez inquiets pour nous. Ils ne savaient que trop bien à quel point il est inconfortable de vivre dans une cabin l'hiver et que ce n'était pas donné à tous d'aimer le faire quand les températures baissent en bas de -20 degrés Celsius et que les fruits gèlent sur le comptoir. Kim n'était pas convaincue que j'allais aimer, mais MEC m'assura que si j'essayais et qu'au final, je n'aimais pas ça, il accepterait qu'on se trouve un autre endroit où habiter. Nous n'avions pas beaucoup d'options, puisque notre porte-feuilles se portait mal. Ça avait été cher déménager au Yukon!
Le jour-même où MEC et moi devions aller voir le propriétaire de la cabin afin de lui donner l'autre moitié de notre dépôt, Kim nous envoya un texto. Elle voulait que MEC la rappelle le plus vite possible. Après qu'elle lui ait parlé, MEC m'appela. Kim nous avait trouvé un contact désespérément à la recherche de housesitters !
Le housesitting est un mot qui provient du terme babysitting. Au lieu de garder des enfants cependant, c'est une maison. Les Yukonnais sont quelques-uns l'hiver à voyager hors du territoire pour une longue période, que ce soit pour aller vers des destinations plus exotiques ou simplement pour vivre ailleurs au Canada. Le contact que Kim nous avait trouvé vivait dans une maison de bois rond à 30 minutes au sud de Whitehorse. Le propriétaire, un célibataire d'une cinquantaine d'année, avait l'habitude d'aller travailler dans les Prairies durant l'hiver pour y effectuer de nombreux contrats. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au Yukon, on ne peut tout simplement pas laisser une maison sans surveillance. Aussi terrible que cela puisse paraître, les maisons se doivent d'être chauffées continuellement durant les grands froids, auquel cas les températures extrêmement glaciales peuvent faire exploser la tuyauterie et causer des dommages considérables à la propriété. Le Monsieur que Kim nous présenta devait trouver des housesitters immédiatement, puisque son départ était à quelques jours de là. Kim pensa à nous et à la terrible cabin redneck qui nous attendait. Elle savait que c'était notre chance de passer l'hiver au chaud et de ne pas payer trop cher. Autre mention importante : normalement, effectuer du housesitting signifie rendre un service essentiel aux propriétaires. La plupart du temps, les responsabilités demandées pour prendre soin de la maison sont compensées par la gratuité de l'hébergement. C'était notre cas, et tout ce que nous avions besoin de payer étaient les comptes d'électricité, l'Internet et le téléphone. Pas de loyer autrement dit ! En contrepartie, nous devions faire le ménage, pelleter, chauffer adéquatement en utilisant le four à bois et nettoyer régulièrement la cheminée.
Le soir-même de l'appel de Kim, nous avons contacté le propriétaire de la cabin redneck pour annuler notre bail et sommes allés rencontrer le Monsieur dans la maison de bois rond. Après une bonne discussion et une visite des lieux, nous nous sommes entendus pour emménager graduellement jusqu'à ce que notre bail à l'appartement cesse d'être en vigueur à la mi-décembre. La maison était tout simplement extraordinaire. Le soir, c'était calme, serein et intime. La vue des montagnes était tout simplement grandiose tous les matins lorsque les rayons du soleil venaient à bout de survoler les sommets. Les animaux abondaient dans la cour. Nous avions la paix.
Je suis bien contente de ne pas geler cet hiver avec les -40 degrés Celcius que nous avons eus certaines nuits. Nous sommes confortables, au chaud, et pouvons débuter notre vie au Yukon sur des bases meilleures en faisant quelques économies. Le housesitting n'est pas fait pour tous, et souvent il requiert d'être plus éloigné de la ville, mais pour le moment, ce mode de vie nous convient amplement. Nous savons que ce luxe ne durera pas éternellement et le Monsieur reviendra certainement bientôt, mais nous savons en profiter et prendre soin de cette maison comme si c'était la nôtre. Elle nous sert de pratique, en somme.