Les derniers moments passés en compagnie d'êtres chers avant de quitter le Québec pour... longtemps.
Un soir, après une grosse journée de cours, je rentre chez moi et MEC m'attend dans notre chambre, assis devant son ordinateur. Il était prêt. Toute la journée, il avait eu le temps d'effectuer ses recherches et de trouver les mots justes pour arriver à me convaincre. Il s'était d'ailleurs convaincu lui-même de cette décision. À ses yeux, c'était la perfection, la meilleure idée qui puisse exister et sans doute la seule bonne décision à prendre pour atteindre le bonheur. Quand les mots eurent sorti de sa bouche, j'ai figé un moment. Il n'en était pas question. Il n'y a rien au Yukon.
Les jours ont passé, et l'idée prenait forme. MEC m'en parlait tous les jours, m'apportait des arguments, me montrait des photos à couper le souffle, dénichait des opportunités pour moi... j'avais presque droit à des tableaux comparatifs favorisant toujours le Yukon au détriment du Québec. L'idée germait doucement ainsi. Puis, deux semaines plus tard, j'étais d'accord. Après tout, je n'avais trouvé aucune bonne raison de refuser. C'est surtout de n'avoir aucune excuse réelle qui m'a poussé à réaliser ce projet avec lui, et pas nécessairement l'envie d'aventure tout simplement. J'étais alors loin de me douter à quel point déménager au Yukon allait devenir une aventure malgré moi.
Mes parents ne m'ont pas prise au sérieux lorsque je leur ai annoncé notre projet. Puis, nous avons trouvé un appartement là-bas et signé des papiers. J'avais aussi mon stage en poche qui m'y attendait. Le projet se concrétisait, ça devenait officiel. Le déni n'était plus : c'était bien réel, j'allais partir.
Je sais qu'ils m'en voulaient un peu, mes parents, mais ils me voulaient d'abord heureuse. Nos familles étendues l'on su ensuite, nous ont supporté, se sont intéressé à nos projets, nos idées, nos ambitions. Ils vivaient un peu l'aventure avec nous à mesure que nous détaillions nos démarches aux soupers de famille. Le temps était de plus en plus précieux à mesure que les mois s'écoulaient. Le temps me semblait interminable, j'étais en fin de DEC, j'avais hâte d'en finir, de partir avec mon bout de papier, et d'appréhender la vie, et les défis qui m'attendaient à l'horizon. Ce fut une période chargée de ma vie, en préparatifs, et surtout en émotions. Une fin de session parsemée d'imprévus, de situations stressantes et de dur labeur.
MEC allait traverser le Canada au complet en camion, avec un compartiment attaché à ce dernier qui traînerait une partie de nos affaires les plus précieuses. J'avais longtemps d'avance planifié son itinéraire, les endroits où il pourrait dormir, le nombre d'heures de conduite, et le nombre d'heures de dodo. En tout, c'était presque 6000 kilomètres ! Je ne me doutais pas qu'en cours de préparation, le trailer devrait être à nouveau soudé (1500$), que sa clutch lâcherait avant de partir (900$), qu'il aurait une crevaison en Abitibi, qu'il devrait changer les pneus de son trailer en Alberta, mais qu'il arriverait un jour plus tôt que prévu à destination. Le plus beau dans son voyage, c'est que son père ait décidé de l'accompagner la veille de son départ pour simplement profiter de la route à ses côtés, une dernière fois. Comme ce doit être difficile de laisser aller ses enfants.
Quand ce fut presque la fin, je suis allée à mon bal de finissants. C'était bien, mais j'étais déjà rendue ailleurs, à une autre étape de ma vie : je n'y étais simplement pas encore physiquement. Je vivais un moment contradictoire, à quelques heures d'une vie que j'avais déjà bâtie depuis des mois, dans un autre lieu où je n'avais jamais mis les pieds. Malgré le contraste ce soir-là et mon détachement de la réalité, j'ai quand même pleuré, pas seulement parce que je partais et que je ne reverrais peut-être jamais ces gens, mais aussi parce que j'avais investi trois années de ma vie avec eux et que cette étape arrivait à sa conclusion. Le Yukon n'avait rien à voir dans ma nostalgie : j'aurais pleuré de toutes façons. De soulagement, de joie, de triomphe, d'angoisse. Je pleurais devant la beauté de tout ce que nous étions devenus et de ce qui nous attendait.
Dire au revoir à mes amies a aussi été une étape difficile, parce que je les quittais avec une certaine réalité du moment, mais sans leur offrir de réponses pour l'avenir. Je ne savais pas quand j'allais les revoir. Je ne pouvais qu'espérer que la prochaine fois que nous nous reverrions, nous reprendrions les choses là où nous les avions laissées. Après des sorties dans les cafés, les bars, la cabane à sucre, et finalement, jusqu'à la toute fin où dans l'auto nous n'arrivions pas à nous dire au revoir, ce sont des moments que je n'oublierai jamais tant ils sont précieux. S'il y a bien quelque chose que j'ai compris dans la vie, c'est que devant la fatalité, les liens qui unissent deux personnes sont plus forts que jamais. On comprend vraiment la valeur de nos relations et on en ressent pleinement l'amour lorsqu'on sait qu'un enjeu majeur tentera de les mettre en péril. Mon départ pour le Yukon n'a fait que confirmer et renforcer l'amitié que j'avais pour ces personnes qui avaient toujours été là pour moi et qui m'ont supporté dans tous les instants, même dans celui qui me détacherait physiquement d'elles.
C'est aussi dans ce genre d'instants où une fatalité de la vie se présente ou nous guette que les gens moins dignes de notre vie referont surface, souvent après ne pas nous avoir donné de nouvelles depuis très longtemps. Comme si ces personnes se rendaient compte soudainement que la fatalité de la rupture approchait et qu'il fallait bien nous voir une dernière fois. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'elle avait déjà eu lieu bien auparavant, cette fatalité ; ils ne s'en sont juste jamais rendu compte. C'est encore bien plus triste. Il a été étonnant pour moi de constater que certaines de ces personnes qui m'avaient mise de côté souhaitaient désormais ma compagnie, à l'aube de mon départ, comme pour conclure la relation en ayant un motif qui échappe à leur contrôle plutôt que d'assumer leur propre échec. Pour ma part, j'étais déjà passé à autre chose. Je sais que j'aurais pu leur offrir une chance, que j'aurais pu les voir une dernière fois et leur donner de mon temps... mais lorsque j'avais besoin d'eux bien avant, ils n'avaient pas répondu à l'appel. Avant de quitter le Québec, je préférais offrir mon temps aux gens qui comptaient vraiment, réciproquement. Si un jour vous êtes confrontés vous aussi à faire des choix et à rentabiliser le temps précieux que vous avez, j'espère que vous prendrez la décision de le passer avec ceux que vous aimez et qui vous aiment en retour... et non pas avec ceux qui ressentent simplement du regret et qui souhaitent alléger leur conscience.
Passer du temps avec ma famille a aussi été précieux pour moi. Mon dernier Noël a été merveilleux en compagnie de MEC et de nos familles respectives. Nous avons joué à des jeux de société, rigolé, bu et mangé des plats uniques qui nous manqueraient beaucoup. Nous avons fait le plein de souvenirs, apprécié leur compagnie et espéré leur bonheur malgré notre absence l'année suivante. Je me souviens avoir reçu de super beaux cadeaux ce Noël-là des membres de ma famille, mais rien n'avait d'égal leur joie et leurs magnifiques personnalités. J'ai aussi adoré fêter Pâques avec la famille de mon père, peu de temps avant mon départ. C'était d'ailleurs la dernière réunion familiale officielle avant que je ne quitte la province. J'ai su apprécier chaque instant, rire de leurs blagues déplacées, boire un verre de trop, et m'enquérir de leurs questions sur le Yukon - et surtout rire à mon tour de leurs commentaires sur les ours qu'ils s'imaginaient envahir chaque mètre carré de la ville. Ce moment en famille pour l'occasion a été l'un des plus précieux que j'ai pu graver dans ma mémoire, d'autant plus qu'il marquerait la dernière fois où je ne verrais vivante ma précieuse Matante Loulou. S'il y a bien un grand regret que j'ai depuis que je suis au Yukon, c'est de n'avoir pu lui dire adieu. Elle est partie très vite d'un cancer qui s'est accroché, et durant l'été, elle a rejoint le ciel. J'ai dédié le plus beau spectacle d'aurores boréales cet automne à ma Matante Loulou. Je garderai à jamais un souvenir parfait de sa force de caractère, de ses recettes de sorcière, de la maison ancestrale de notre famille venue de France qu'elle a fait rénover pour la garder dans la famille, de ses histoires sur les lutins, de sa maison pleine de chevaux, de ses contes de nos ancêtres et de sa fougue à réaliser ses rêves malgré les circonstances de la vie. Toutes ces choses témoignent de sa grandeur et de ses convictions. J'admirerai toujours Matante Loulou, du Yukon, de n'importe où, elle aura toujours sa place bien spéciale.
Quand mes parents sont allés me porter à l'aéroport d'Ottawa le 18 avril 2016, ils ne parlaient pas beaucoup durant le trajet. C'était d'ailleurs difficile d'ignorer la boule qui prenait de plus en plus de place dans la gorge. Je venais d'ailleurs de dire au revoir à mon cochon d'Inde adoré, Wendy, qui ne ferait pas le trajet avec moi jusqu'au Yukon. Nous nous sommes arrêtés au Tim Horton's et j'ai pu manger tout ce que je voulais, gracieuseté de mes parents. À Ottawa, mon père m'a aidé à sortir ma valise et mes bagages de l'auto. Il m'a fait un câlin et est reparti, me laissant avec ma mère qui avait insisté pour rester avec moi jusqu'à l'embarquement. Je sais que mon père était profondément triste, mais qu'il ne le montrait pas. Nous étions un peu d'avance à l'aéroport, mais le temps nous manquait quand même. Nous avons à peine eu le temps de parler que déjà je devais partir. Le temps glissait entre mes doigts comme du sable ! Ma mère est descendue avec moi jusqu'au point de contrôle où je devais présenter mon passeport. Je lui ai fait un câlin trop court et nous avons toutes les deux versé des larmes. Encore aujourd'hui, je pleure en repensant à cet instant déchirant. Le sentiment que ce moment m'a laissé était similaire à la rupture fatale que la mort occasionne en détachant deux personnes inséparables. Aux douanes, je pleurais. Dans l'avion, je pleurais. Mon chagrin n'est jamais parti véritablement depuis mon départ bien qu'aujourd'hui je ne pleure plus. Je sais que ce jour-là, quelque chose s'est brisé. Mais je ne suis toujours pas certaine de pouvoir mettre le mot dessus.
Les jours ont passé, et l'idée prenait forme. MEC m'en parlait tous les jours, m'apportait des arguments, me montrait des photos à couper le souffle, dénichait des opportunités pour moi... j'avais presque droit à des tableaux comparatifs favorisant toujours le Yukon au détriment du Québec. L'idée germait doucement ainsi. Puis, deux semaines plus tard, j'étais d'accord. Après tout, je n'avais trouvé aucune bonne raison de refuser. C'est surtout de n'avoir aucune excuse réelle qui m'a poussé à réaliser ce projet avec lui, et pas nécessairement l'envie d'aventure tout simplement. J'étais alors loin de me douter à quel point déménager au Yukon allait devenir une aventure malgré moi.
Mes parents ne m'ont pas prise au sérieux lorsque je leur ai annoncé notre projet. Puis, nous avons trouvé un appartement là-bas et signé des papiers. J'avais aussi mon stage en poche qui m'y attendait. Le projet se concrétisait, ça devenait officiel. Le déni n'était plus : c'était bien réel, j'allais partir.
Je sais qu'ils m'en voulaient un peu, mes parents, mais ils me voulaient d'abord heureuse. Nos familles étendues l'on su ensuite, nous ont supporté, se sont intéressé à nos projets, nos idées, nos ambitions. Ils vivaient un peu l'aventure avec nous à mesure que nous détaillions nos démarches aux soupers de famille. Le temps était de plus en plus précieux à mesure que les mois s'écoulaient. Le temps me semblait interminable, j'étais en fin de DEC, j'avais hâte d'en finir, de partir avec mon bout de papier, et d'appréhender la vie, et les défis qui m'attendaient à l'horizon. Ce fut une période chargée de ma vie, en préparatifs, et surtout en émotions. Une fin de session parsemée d'imprévus, de situations stressantes et de dur labeur.
MEC allait traverser le Canada au complet en camion, avec un compartiment attaché à ce dernier qui traînerait une partie de nos affaires les plus précieuses. J'avais longtemps d'avance planifié son itinéraire, les endroits où il pourrait dormir, le nombre d'heures de conduite, et le nombre d'heures de dodo. En tout, c'était presque 6000 kilomètres ! Je ne me doutais pas qu'en cours de préparation, le trailer devrait être à nouveau soudé (1500$), que sa clutch lâcherait avant de partir (900$), qu'il aurait une crevaison en Abitibi, qu'il devrait changer les pneus de son trailer en Alberta, mais qu'il arriverait un jour plus tôt que prévu à destination. Le plus beau dans son voyage, c'est que son père ait décidé de l'accompagner la veille de son départ pour simplement profiter de la route à ses côtés, une dernière fois. Comme ce doit être difficile de laisser aller ses enfants.
Quand ce fut presque la fin, je suis allée à mon bal de finissants. C'était bien, mais j'étais déjà rendue ailleurs, à une autre étape de ma vie : je n'y étais simplement pas encore physiquement. Je vivais un moment contradictoire, à quelques heures d'une vie que j'avais déjà bâtie depuis des mois, dans un autre lieu où je n'avais jamais mis les pieds. Malgré le contraste ce soir-là et mon détachement de la réalité, j'ai quand même pleuré, pas seulement parce que je partais et que je ne reverrais peut-être jamais ces gens, mais aussi parce que j'avais investi trois années de ma vie avec eux et que cette étape arrivait à sa conclusion. Le Yukon n'avait rien à voir dans ma nostalgie : j'aurais pleuré de toutes façons. De soulagement, de joie, de triomphe, d'angoisse. Je pleurais devant la beauté de tout ce que nous étions devenus et de ce qui nous attendait.
Dire au revoir à mes amies a aussi été une étape difficile, parce que je les quittais avec une certaine réalité du moment, mais sans leur offrir de réponses pour l'avenir. Je ne savais pas quand j'allais les revoir. Je ne pouvais qu'espérer que la prochaine fois que nous nous reverrions, nous reprendrions les choses là où nous les avions laissées. Après des sorties dans les cafés, les bars, la cabane à sucre, et finalement, jusqu'à la toute fin où dans l'auto nous n'arrivions pas à nous dire au revoir, ce sont des moments que je n'oublierai jamais tant ils sont précieux. S'il y a bien quelque chose que j'ai compris dans la vie, c'est que devant la fatalité, les liens qui unissent deux personnes sont plus forts que jamais. On comprend vraiment la valeur de nos relations et on en ressent pleinement l'amour lorsqu'on sait qu'un enjeu majeur tentera de les mettre en péril. Mon départ pour le Yukon n'a fait que confirmer et renforcer l'amitié que j'avais pour ces personnes qui avaient toujours été là pour moi et qui m'ont supporté dans tous les instants, même dans celui qui me détacherait physiquement d'elles.
C'est aussi dans ce genre d'instants où une fatalité de la vie se présente ou nous guette que les gens moins dignes de notre vie referont surface, souvent après ne pas nous avoir donné de nouvelles depuis très longtemps. Comme si ces personnes se rendaient compte soudainement que la fatalité de la rupture approchait et qu'il fallait bien nous voir une dernière fois. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'elle avait déjà eu lieu bien auparavant, cette fatalité ; ils ne s'en sont juste jamais rendu compte. C'est encore bien plus triste. Il a été étonnant pour moi de constater que certaines de ces personnes qui m'avaient mise de côté souhaitaient désormais ma compagnie, à l'aube de mon départ, comme pour conclure la relation en ayant un motif qui échappe à leur contrôle plutôt que d'assumer leur propre échec. Pour ma part, j'étais déjà passé à autre chose. Je sais que j'aurais pu leur offrir une chance, que j'aurais pu les voir une dernière fois et leur donner de mon temps... mais lorsque j'avais besoin d'eux bien avant, ils n'avaient pas répondu à l'appel. Avant de quitter le Québec, je préférais offrir mon temps aux gens qui comptaient vraiment, réciproquement. Si un jour vous êtes confrontés vous aussi à faire des choix et à rentabiliser le temps précieux que vous avez, j'espère que vous prendrez la décision de le passer avec ceux que vous aimez et qui vous aiment en retour... et non pas avec ceux qui ressentent simplement du regret et qui souhaitent alléger leur conscience.
Passer du temps avec ma famille a aussi été précieux pour moi. Mon dernier Noël a été merveilleux en compagnie de MEC et de nos familles respectives. Nous avons joué à des jeux de société, rigolé, bu et mangé des plats uniques qui nous manqueraient beaucoup. Nous avons fait le plein de souvenirs, apprécié leur compagnie et espéré leur bonheur malgré notre absence l'année suivante. Je me souviens avoir reçu de super beaux cadeaux ce Noël-là des membres de ma famille, mais rien n'avait d'égal leur joie et leurs magnifiques personnalités. J'ai aussi adoré fêter Pâques avec la famille de mon père, peu de temps avant mon départ. C'était d'ailleurs la dernière réunion familiale officielle avant que je ne quitte la province. J'ai su apprécier chaque instant, rire de leurs blagues déplacées, boire un verre de trop, et m'enquérir de leurs questions sur le Yukon - et surtout rire à mon tour de leurs commentaires sur les ours qu'ils s'imaginaient envahir chaque mètre carré de la ville. Ce moment en famille pour l'occasion a été l'un des plus précieux que j'ai pu graver dans ma mémoire, d'autant plus qu'il marquerait la dernière fois où je ne verrais vivante ma précieuse Matante Loulou. S'il y a bien un grand regret que j'ai depuis que je suis au Yukon, c'est de n'avoir pu lui dire adieu. Elle est partie très vite d'un cancer qui s'est accroché, et durant l'été, elle a rejoint le ciel. J'ai dédié le plus beau spectacle d'aurores boréales cet automne à ma Matante Loulou. Je garderai à jamais un souvenir parfait de sa force de caractère, de ses recettes de sorcière, de la maison ancestrale de notre famille venue de France qu'elle a fait rénover pour la garder dans la famille, de ses histoires sur les lutins, de sa maison pleine de chevaux, de ses contes de nos ancêtres et de sa fougue à réaliser ses rêves malgré les circonstances de la vie. Toutes ces choses témoignent de sa grandeur et de ses convictions. J'admirerai toujours Matante Loulou, du Yukon, de n'importe où, elle aura toujours sa place bien spéciale.
Quand mes parents sont allés me porter à l'aéroport d'Ottawa le 18 avril 2016, ils ne parlaient pas beaucoup durant le trajet. C'était d'ailleurs difficile d'ignorer la boule qui prenait de plus en plus de place dans la gorge. Je venais d'ailleurs de dire au revoir à mon cochon d'Inde adoré, Wendy, qui ne ferait pas le trajet avec moi jusqu'au Yukon. Nous nous sommes arrêtés au Tim Horton's et j'ai pu manger tout ce que je voulais, gracieuseté de mes parents. À Ottawa, mon père m'a aidé à sortir ma valise et mes bagages de l'auto. Il m'a fait un câlin et est reparti, me laissant avec ma mère qui avait insisté pour rester avec moi jusqu'à l'embarquement. Je sais que mon père était profondément triste, mais qu'il ne le montrait pas. Nous étions un peu d'avance à l'aéroport, mais le temps nous manquait quand même. Nous avons à peine eu le temps de parler que déjà je devais partir. Le temps glissait entre mes doigts comme du sable ! Ma mère est descendue avec moi jusqu'au point de contrôle où je devais présenter mon passeport. Je lui ai fait un câlin trop court et nous avons toutes les deux versé des larmes. Encore aujourd'hui, je pleure en repensant à cet instant déchirant. Le sentiment que ce moment m'a laissé était similaire à la rupture fatale que la mort occasionne en détachant deux personnes inséparables. Aux douanes, je pleurais. Dans l'avion, je pleurais. Mon chagrin n'est jamais parti véritablement depuis mon départ bien qu'aujourd'hui je ne pleure plus. Je sais que ce jour-là, quelque chose s'est brisé. Mais je ne suis toujours pas certaine de pouvoir mettre le mot dessus.